[Note de l’éditrice: le 17 février 2023, en collaboration avec Emmanuel Hyppolite, Samuel Plante a publié une vidéo intitulée: Bien dans nos peaux, sur sa chaîne YouTube Sam’parle. C’est une vidéo que l’on trouvait importante parce que le racisme est un sujet sur lequel nous devons continuer de réfléchir et encourager le dialogue. Et la vidéo elle-même est un bel exemple de collaboration. Les deux coauteurs de la vidéo ont gentiment accepté que nous publions le texte de leur vidéo ici. Les images de cet article sont des captures d’écran de leur vidéo. Écoute-la ici: Bien dans nos peaux]
Le 28 août 1963, le docteur Martin Luther King rêvait tout haut devant une foule de 300 000 personnes à Washington. Son rêve était limpide:
voir la justice retentir partout dans la nation;
la fraternité remplacé les discriminations,
Et la brutalité fléchir devant la liberté.
Pour l’dire dans ses propres mots, y souhaitait que tous empruntent « le chemin ensoleillé de la justice raciale. »

60 ans plus tard, il faut admettre que son rêve n’est pas encore tout a fait devenu réalité. Même si les choses ont changé, ici comme ailleurs, le racisme continue de frapper.
Oh ! Personne va s’avouer franchement raciste. Tout le monde est contre le racisme, … même les racistes. Mais t’es-tu déjà demandé comment serait ta vie si t’étais né avec une autre couleur de peau?
isssh, l’exercice est inconfortable, parce que c’est pas notre premier réflexe de se mettre dans peau des autres.
Ce qui est agréable, c’est de rester campé avec les nôtres.
De penser en terme de « eux » versus « nous ».
« eux autres y font ça »
« eux autres, y sont comme ça »
« Y parlent comme ça, y mangent comme ça, y vivent comme ça. »
Y’a nous, pi y’a eux.
C’est rarement à coup de haine ou de colère que le racisme fait du tapage. Son ravage naît de préjugés, de généralisations, d’attitudes, de regards et d’intonations. Comme une activité volcanique souterraine, y s’alimente de méfiance, de peur, de favoritisme et boom:
…une éruption jaillit de temps en temps et le monde entier est horrifié.
Mais y’a toujours été là, c’est juste qu’il était bien camouflé et assez discret pour être toléré.

Le problème de ce racisme caché, c’est qu’il se justifie constamment:
Chu pas raciste, mais on va quand même pas les inviter à souper.
Chu pas raciste, mais c’pas vrai qu’a va sortir avec un gars comme lui.
Chu pas raciste, mais ça sonne louche son affaire.
Chu pas raciste, mais c’est pas comme ça que ça marche ici.
Chu pas raciste, mais c’te blague-là est bonne en maudit.
Laisse-moi te dire que t’es le seul qui rit jaune quand tes amis blancs font une blague raciste sur les noirs. Pis nous on a même pas conscience de ce qui est train de se passer. On continue de s’amuser du haut de notre trône privilégié.
Vous savez pourquoi le racisme n’est pas près de disparaitre? Parce qu’on l’est tous un peu!
L’arrière-grand père du racisme est l’orgueil et on a tous un léger problème d’orgueil. C’est peut-être le premier domaine où on est tous égaux:
…celui de notre prétention d’être un peu supérieur aux autres!
On poursuit nos intérêts;
On surévalue notre perspective;
On s’intéresse pas tant aux histoires des autres;
Au contraire, on les catégorise rapidement en fonction de la couleur de peau, des traits de visage, du style de cheveux, d’habillement, de la langue parlée et des habitudes de vie.
Mais le hic, c’est que ces catégories se transforment en hiérarchie. Et bien sûr, c’est nous qui sommes au sommet de la pyramide. Comme si notre culture était la norme à laquelle les autres devaient se mesurer.
Et c’est exactement de cette inclinaison égocentrique que naît l’ethnocentrisme. C’est ça la manière de faire derrière toute forme de racisme: moi, moi et moi. Et lentement, ça se transforme en « nous, nous et nous. »

Mais je parie que tout le monde le sait au fond de lui-même qu’on est tous égaux en valeur et en dignité.
On le sait que les Chinois valent tout autant que les Arabes,
que les Américains valent autant que les Japonais,
que les Québécois valent autant que les Ontariens,
mais on cultive quand même des préjugés, de la partialité et de la suspicion envers les autres.
Tout le monde le sait, ici, que notre sang est rouge peu importe notre couleur de peau. Mais on continue de se faire la peau, parce qu’on est tous atteint d’un virus
…qui nous colle à la peau.
Et le racisme n’est qu’une des nombreuses manifestations de ce virus. Sa persistance, son omniprésence et sa portée universelle témoignent de sa virulence.
Ce virus-là, c’est le péché. Une tendance compulsive à se considérer comme le centre du monde par rapport à Dieu et par rapport aux autres. L’inverse totalement des deux plus grands commandements: Aime Dieu de tout ton être et aime ton prochain comme toi-même.
Mais ça l’air que le potentiel de perversion du cœur humain est tellement élevé qu’il finit par trouver de « bonnes raisons » pour dévaloriser l’autre et ne plus le considérer comme un prochain. Et pourquoi c’est mal ?
Parce que « …nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu » pour reprendre les paroles de l’apôtre Jacques. En réalité, on a tous la même valeur aux yeux de Dieu parce qu’il nous a créé à sa couleur, avec son sceau de dignité sacrée. Sans oublier de mentionner qu’historiquement parlant, on descend tous de la même lignée.
Quelle que soit la couleur de notre peau, on est tous des fils et des filles d’Adam et Ève, le premier couple humain.
Une vision du monde sans Dieu rejette ces vérités fondamentales et ouvre la porte à la création de notre propre petite échelle de valeurs entre les ethnies, alors qu’en réalité on est tous frères et sœurs d’humanité. Et attention, cette fraternité dans nos origines n’enlève rien à la beauté de notre diversité, qui elle aussi faisait partie du plan parfait de celui qui nous a créés.
Non seulement on participe tous à la même humanité et c’est complètement fou de lutter les uns contre les autres, mais on est tous dans le même bateau troué. Aucune ethnie, aucun individu ne peut prétendre à une quelconque supériorité éthique devant les standards de Dieu. On est tous fautifs, blâmables et pécheurs devant l’Éternel.
Se croire un peu meilleur ou peu plus juste, plus évoluée ou élevée qu’une autre ethnie, c’est s’illusionner soi-même et négliger de voir les ténèbres de notre propre cœur, de notre propre culture.
Vous voyez, le christianisme ouvre une fenêtre sur notre expérience humaine nous permettant de bien comprendre la provenance, la gravité et l’absurdité du racisme. Mais la Bonne Nouvelle c’est qu’il ne s’arrête pas là:
…y’en donne aussi un remède unique.
Sa solution ne se trouve pas dans un peu plus d’éducation, de revendication, de sensibilisation ou d’information (même si tout ça c’est bon!)… mais dans une réconciliation!
Une réconciliation interraciale qui débute par une réconciliation verticale;
Une réconciliation avec notre Père qui nous ouvre une nouvelle voie de réconciliation avec nos pairs.
C’est ce qu’on a vu se produire dès les débuts de l’Église : des Juifs et des non-Juifs (qui s’aimaient pas trop) ont commencé à s’unir au nom de Jésus comme étant les membres d’une seule grande famille. L’hostilité et l’animosité ont été remplacées par l’harmonie et l’unité, parce que Jésus est devenu leur sauveur commun.

Et c’est ça l’Église que Jésus est venu s’acquérir en mourant à la croix. Un peuple multicolore et interculturel pardonné de Dieu qui apprend à s’aimer dans ses différences et à s’unir dans sa diversité, dans le nom Jésus. Un espace, un royaume où tout le monde est bienvenu. La Bible le dit clairement : « Quiconque croit en lui ne sera pas déçu. »
Le message de vie du christianisme n’est pas réservé au blanc, ni au noir, mais aux croyants. Y vient du Dieu créateur qui a envoyé son Fils pour briser le mur de séparation entre les gens et établir la justice du dedans.
La barrière entre les ethnies ne tombera jamais comme par magie, mais parce que Jésus endosse notre culpabilité, nous intègre à sa famille et répand son amour dans nos coeurs, on a maintenant un nouveau regard sur l’autre et sur nous-mêmes. Notre but n’est plus d’asservir notre prochain mais bien de l’accueillir et le servir. On veut et on peut maintenant faire la guerre, non pas à l’autre, mais à notre propre nature orgueilleuse.
On est habité de la pensée du Christ, lui qui s’est sacrifié et humilié jusqu’à la croix pour tout réconcilié avec lui-même. Et un jour, un jour, cette réconciliation qui est en germe dans l’Église sera aboutie et éternelle. Les nations marcheront à la lumière de Dieu et les rois de la terre viendront apporter leur gloire à Christ.
Le mal ne sera plus, le racisme ne fera même plus partie de notre vocabulaire et le Seigneur Jésus sera maître sur toutes les nations.
Le rêve de Martin Luther King sera enfin réalisé : rivalités, animosités et divisions auront disparu pour toujours. D’ici là, l’Église incarne cette beauté plurielle du peuple de Dieu et affirme haut et fort que:
Dieu est un Dieu réconciliateur.
La Bonne Nouvelle du pardon en Jésus est la Réconciliation des réconciliations. Et l’Église est le lieu où nous apprenons à marcher dans cette réconciliation;
À être bien dans nos peaux.

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