Accueillir l’immigrant ⏤ La théologie au travail sur le terrain

En mars dernier, Le Devoir publiait un épisode de podcast intitulé « Les dernières heures du chemin Roxham ». En effet, le légal passage à pied aux frontières canado-américaines a été fermé en date du 24 mars 2023 suite à une modification de l’Entente sur les tiers pays sûrs. Si pour les partisans de cette fermeture il s’agit d’une victoire, pour d’autres, il s’agit plutôt d’un acte de repli : il faudrait se fermer les yeux, et la conscience, pour ignorer le fait migratoire dans le monde. Par ce chemin, et par d’autres accès périlleux, à des milliers de kilomètres de la Méditerranée et de l’Amérique latine, plus de 60 000 réfugiés et autres populations migratoires se retrouvent dans nos villes et nos campagnes.

Yanie Pierre-Jérôme et Jeremy Favreau discutent avec Martin Bellerose, professeur de l’Institut d’étude et de recherche théologique en interculturalité, migration et mission (IERTIMM), d’accueil et d’hospitalité auprès de population réfugiée et immigrante. Il travaille actuellement sur le terrain, comme théologien et pasteur, auprès d’une communauté chrétienne rurale s’impliquant auprès des travailleurs et travailleuses étrangers agricoles. Quelle est la réalité sur le terrain? Comment les chrétiens répondent-ils généralement à cette réalité?


Reconstruire - Un appui solide et un coeur ouvert

Il arrive un temps où il faut se poser. Il existe peut-être des types de foi chrétienne un peu plus nomade, mais pour une vaste majorité de personnes, apparait le besoin de se poser sur l’itinéraire de leur foi. N’y a-t-il pas là quelque chose de mature de pouvoir arriver à une nouvelle destination ? Savoir s’arrêter et faire le bilan des gains et des pertes ? Si les leçons du passé peuvent parfois nous apprendre à être prudents pour l’avenir, la reconstruction implique une nouvelle solidité qui servira d’appui à nos futures convictions. D’un point de vue individuel, à quoi cela ressemble-t-il ? Et maintenant, comme comme église locale et association d’églises, quelles seraient les prochaines étapes qui nous attendent dans le remodèlement de nos institutions ?

Joëlle Dupont, Benjamin Gagné, François Turcotte et Steve Cloutier se livrent ici à un exercice de transparence en parlant à la fois de ce qu’est la reconstruction et en s’ouvrant sur leur propre expérience de transformation dans leur christianisme.


Et pour ceux qui ne quittent pas ? - Reconstruire les relations

« J’ai été confronté à une crise spirituelle dans ma propre vie....J’ai dit à ma femme que, par souci d’honnêteté, je devais revenir à mon agnosticisme et réfléchir à toute la question....J’ai repensé les raisons pour lesquelles j’étais chrétien. » Ce sont les paroles qu’exprimera Francis Schaeffer, éminent théologien et apologète évangélique issu des milieux fondamentalistes américains, lors d’une période de profonde remise en question. Déconstruire et reconstruire sont souvent abordés sous l’angle individuel, mais qu’en est-il du rôle de la communauté ? Que ce soit familialement, amicalement ou pastoralement, voir des gens de notre église quitter la communauté et s’interroger au point où la foi en est ébranlé peut être très confrontant. Les réactions sont multiples et il peut être difficile d’être accueillant et ouvert lorsqu’on sent la « perte d’un être cher à venir ».

Dans cet épisode, nos animateurs Joëlle et Benjamin ouvrent ce délicat sujet avec François Turcotte et Steve Cloutier qui sont tous deux leaders et pasteurs dans le milieu des églises baptistes. En quoi l’exemple de Schaeffer peut-il nous aider à mieux naviguer lorsqu’un de nos proches vit une déconstruction ? Que peut-on apprendre des dernières années ? Comme église, aurait-on pu mieux faire ?


Interpréter en communauté - Le post-fondationnalisme de Stanley J. Grenz

Le Sola Scriptura protestant influence profondément la manière dont nous pensons pouvoir accéder à Dieu. Dans l’Église évangélique, il existerait une tendance à croire que nous aurions un accès direct à la théologie du texte biblique et que nous pourrions en tirer des données pures sans interprétation. Cette vérité pure serait la Parole révélée de Dieu. Pourtant, cette manière de faire, cette « méthode théologique » qu’on appelle fondationnalisme est loin d’être biblique en elle-même. Elle est basée sur une approche philosophique particulière qui a été forgée sous l’influence du Christianisme, mais aussi de la Modernité. Dans le post-fondationnalisme de Stanley J. Grenz, éminent théologien évangélique, il faut accepter de relativiser les capacités humaines à découvrir seules cette vérité biblique. Comment prendre de la distance avec l’individualisme qui peut accabler notre interprétation des Écritures ? Qu’est-ce que Dieu a donné aux croyants pour accéder à la vérité biblique ? Comment jongler avec les interprétations individuelles et le fait d’être en communauté ? Et surtout, que veut dire « interpréter en communauté » ? 

Dans cet épisode, David Miller, professeur en théologie à l’ETEQ et professeur associé à l’Université Laval, Jacob Mathieu et Benjamin Gagné, cherchent à comprendre ce qu’est le post-fondationnalisme et de quelle manière il nous permet d’approcher le texte biblique en église.


Lire la Bible sans interpréter ? - Le fondationnalisme et le « tout ou rien »

Depuis le début de la saison, l’équipe du Pub s’est engagée dans une direction particulière ; comment aborder la question de l’évolution de la foi ? Elle demande de chaque croyant, au fil de sa croissance, de devenir de plus en plus responsable de développer une foi mûre, réfléchie et engagée. Que ce soit par une entrée plus tardive à travers une conversion à l’âge adulte, ou en ayant grandi dans le milieu et en faisant progressivement des choix pour le Christ, tout.es sont invités à se laisser transformer par l’Esprit. Mais sur quelles bases théologiques peut-on vivre une reconfiguration de notre foi ? Comment maturer dans la foi dans un milieu chrétien qui semble proposer un modèle « tout ou rien » ? Qu’arrive-t-il à l’ensemble de nos croyances si un élément est soudainement soumis à l’examen ? Avons-nous peur que tout s’effondre ? Et si un élément de la construction de notre foi doit être changé, doit-on détruire toute « la maison » ? 

En compagnie de Jacob Mathieu et Benjamin Gagné, David Miller, professeur en théologie à l’ETEQ et professeur associé à l’Université Laval, vient nous parler du fondationnalisme, ce système théologique derrière la culture du « tout ou rien ».


Le tourment de la conversion - La perspective des jeunes évangéliques

Une majorité de jeunes évangéliques, contrairement au modèle promu dans nos milieux, n’ont pas vécu la radicalité d’une conversion. Sans un « avant » clair, puisque né dans ce milieu, il devient presque impossible pour eux de savoir s’ils ont un « après » d’une conversion. « À quelle date ? Suis-je réellement sauvé ? Si Jésus revenait aujourd’hui, est-ce que je resterais ici ? Comment vraiment savoir que je suis sauvé autrement que par la multiplication des prières de conversion ? » Est-ce que les versets viennent vraiment apaiser ces tourments ? Près de cinquante ans après ledit réveil évangélique au Québec, ce modèle de conversion, qui marque un fort avant et après, semble avoir peu été remis en question. Pourtant, la génération de jeunes évangéliques nés dans ce milieu semble avoir un autre « témoignage » à raconter.

Wesley Peach discute ici avec Benjamin Gagné qui s’est penché sur la question de la conversion dans son mémoire. Ils revisitent ce modèle dominant qui crée bien des tourments chez nos jeunes encore aujourd’hui. Nous vous invitons à écouter cet entretien avec Wesley Peach à propos de son livre « Itinéraire de conversion » (révisé en 2015). Combinant la théologie pratique et les méthodes anthropologiques, ce livre nous propose une révision du fameux modèle dominant de la conversion vécu dans nos églises québécoises.


Un avant et après - Un modèle de conversion remis en question

Certains chrétiens racontent un passé dans un milieu familial trouble, une révolte personnelle puis un changement de cœur radical. D’autres en parlent de manière religieuse ; de catholique assez fervent, ils découvrent le texte biblique et s’y plongent pour découvrir un sens nouveau et le besoin d’une nouvelle naissance. D’autres encore en parlent simplement, dans leur soif d’un sens à leur vie, ils se sont tournés vers le Christ à travers la conversion. N’avons-nous pas tous entendu des récits de conversion de ce genre dans nos milieux évangéliques ? Près de cinquante ans après ledit réveil évangélique au Québec, ce modèle qui marque un fort avant et après, semble avoir peu été remis en question.

La conversion est-elle toujours une révolution ? Peut-on réexaminer ces récits de conversions radicales promus par la génération du réveil ? Nous vous invitons à cet entretien avec Wesley Peach à propos de son livre « Itinéraire de conversion » (révisé en 2015). Combinant la théologie pratique et les méthodes anthropologiques, ce livre nous propose une révision d’un modèle dominant de la conversion vécue dans nos églises québécoises.


La foi comme un jardin - Douter, remettre en question et déconstruire

Entre la volonté de changer la forme de l’église pour l’adapter à la culture de la génération montante et celle de réformer une partie du contenu de la foi pour répondre aux questions actuelles, que faire de la déconstruction ? Si l’idée de la déconstruction a fait son chemin dans plusieurs sphères de notre culture occidentale, le milieu évangélique québécois n’en reste pas intouché. Certain.es ont démarré des pages Instagram et des balados dédiés à ce sujet. Des auteurs chrétiens, comme Alisa Childers, dénoncent l’usage de ce terme dans l’église, tandis que d’autres l’embrassent pour tenter d’en redonner un sens plus positif : déconstruire pour mieux reconstruire sur des fondements bibliques.

De quelle manière ce sujet nous rejoint-il ? Qu’entendons-nous par déconstruction ? Comment la déconstruction se distingue-t-elle du doute ou des remises en question par exemple ? Dans ce second épisode entre animatrices et animateurs, Yanie Pierre-Jérôme, Joëlle Dupont et Benjamin Gagné continuent l’exploration de cette question cruciale.


L’évolution de la foi — (Dé)construction — partie 1

Depuis une dizaine d’années, la déconstruction fait partie de l’actualité chrétienne, mais pas seulement. L’idée de la déconstruction, originaire de la pensée du philosophe français Derrida, a fait son chemin dans le vocabulaire médiatique ; la déconstruction du patriarcat, la déconstruction des peurs, la déconstruction des genres, la déconstruction des stéréotypes, la déconstruction de l’identité québécoise et maintenant la déconstruction de la foi chrétienne. Aux États-Unis, la vague de la déconstruction évangélique frappe et semble ne pas épuiser sa force. Des personnalités connues font leurs sorties médiatiques à propos de leur déconstruction de la foi comme Rob Bell. D’autres ont démarré des pages Instagram et des balados dédiés à ce sujet. Certains auteurs chrétiens, comme Alisa Childers, dénoncent l’usage de ce terme dans l’église, tandis que d’autres l’embrassent pour tenter d’en redonner un sens plus positif : déconstruire pour mieux reconstruire sur des fondements bibliques. 

Dans cette première partie d’une discussion entre animateur-trices, Yanie Pierre-Jérôme, Joëlle Dupont et Benjamin Gagné cherchent à mettre la table. De quelle manière ce sujet nous rejoint-il ? Qu’entendons-nous par déconstruction ? Comment la déconstruction se distingue-t-elle du doute ? Des remises en question ? De la déconversion ?


Réfléchir de manière critique à l’assassinat de Kennedy ?

Au Pub Socratique, nous croyons qu’il est essentiel de développer une capacité à réfléchir de manière rigoureuse et critique dans nos communautés chrétiennes. On peut admettre que la théologie est un champ bien investi par nos milieux chrétiens, ceci dit, à quoi peut ressembler une démarche sérieuse et critique sur des sujets politiques, culturels ou sociaux ?

Cette année, nous nous proposons d’explorer certains livres québécois avec leurs auteurs et nous commençons avec celui de Michel Gagné « Thinking Critically About the Kennedy Assassination » (Réfléchir de manière critique à l’assassinat de Kennedy). Michel, chrétien de longue date, historien de formation et professeur au cégep Champlain, se présente lui-même comme un « complotiste en rémission ». Pourquoi repenser l’assassinat de Kennedy en 2022 ? Quelle importance doit-on accorder à l’examen de tels événements historiques et quelle pertinence ont-ils pour nous ? Notre auteur invité croit que ce genre de questions sont essentielles parce que le crime perpétré à l’égard d’un ancien président américain a des répercussions sur la plupart de nos vies. Elles sont essentielles aussi parce que nos croyances — surtout le processus de réflexion par lequel nous y parvenons — ont un impact majeur sur notre manière de penser et d’agir en société.

Michel Gagné est historien de formation et enseigne la pensée critique, la philosophie politique et l’éthique au Cégep Champlain. Il détient une maîtrise en histoire, un baccalauréat en sciences de l’éducation, et un baccalauréat en histoire et science politique. Michel a aussi publié des articles sur les théories du complot entre autres dans le magazine Skeptic et le journal National Post. Il est animateur, auteur, et co-créateur du podcast Paranoid Planet, une émission qui étudie les opinions populaires et d’experts sur les théories du complot et les croyances apparentées. Michel Gagné est marié, père de deux enfants, et chrétien de longue date.