Trois croyants avec des parcours aussi uniques les uns que les autres. Leurs histoires laissent transparaître un amour constant et même croissant pour Dieu au fur et à mesure de leur évolution vers d'autres horizons de la vie en Lui.
Élizabeth: Bonjour tout le monde, je me présente, Élisabeth Lecavalier. Bonjour à nos régions et notamment un petit groupe qui se trouve à Rivière-du-Loup. Bienvenue à tous, bienvenue à ce panel, en fait, un beau panel dont le titre devrait s’afficher à l’écran sous peu. Il s’agit de cheminer vers l’autre sans démoniser là d’où on vient. Et donc, je suis ici avec mes invités, avec Xavie, avec Catherine et Matt. Bienvenue à tous. Et donc, dans ce panel, on parle de cheminer vers l’autre, à l’intérieur même du corps de Christ, c’est-à-dire de s’ouvrir à l’autre, soit qu’on change nos convictions ou pas tant que ça. Et donc, c’est un peu le thème de notre conversation ce matin.
Et aujourd’hui, mes invités ont la particularité de tous avoir débuté, commencé, leur cheminement dans une tradition chrétienne qui est différente de la leur aujourd’hui. Alors, dans leur cas, dans leur parcours, ce cheminement là s’est aussi fait sous forme d’évolution théologique, ce qui est super intéressant. Et donc, en commençant, est-ce que vous pouvez peut-être nous donner un aperçu de votre parcours ou de votre histoire?
Matt: Oui, bien sûr. Moi, j’ai grandi dans une église pentecôtiste, depuis mon enfance. Et pendant ce temps, jusqu’à mon adolescence, jusqu’à l’université, je ne posais pas tant de questions sur la théologie. Mon église était mon église, nos pratiques étaient nos pratiques. À l’université, j’étais exposé à plusieurs groupes de chrétiens. J’étais impliqué dans des ministères d’étudiants et j’ai commencé à réfléchir… faire de ma foi une foi personnelle, je demandais beaucoup de questions. C’était une volée intellectuelle aussi. Je posais beaucoup de questions et je commençais à poser des questions à mon Église, de questionner cette pratique. C’est la meilleure pratique? Est-ce qu’on devrait faire, ça? C’est quoi la vérité? Et dans tout ce temps, je continuais à assister à cette église. Éventuellement, après l’université, je suis marié et j’ai commencé à fréquenter une autre église, une église baptiste, et c’était un processus assez long. Ce n’était pas, je ne voulais pas quitter mon église, donc c’était une réflexion de peu à peu. Et aujourd’hui, je suis en train aussi de, pas questionner, mais d’explorer la tradition chrétienne des autres traditions, des pratiques, donc l’évolution était plus théologique à l’université et maintenant c’est plus vers mes pratiques dévotionnelles aussi. Mais oui, c’est ça.
Catherine: Moi, dans le fond, j’ai grandi dans une église évangélique baptiste, c’est là que j’ai connu Jésus et que je me suis fait baptiser. Je me suis beaucoup impliqué, puis je suis très fière de mon héritage, de toutes ces belles années que j’ai passées dans l’Église évangélique baptiste. Puis, je dirais qu’au début de la vingtaine, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions sur le Saint-Esprit et c’était quelque chose dont on ne parlait pas beaucoup, je trouvais, dans mon église et ce n’était pas là-dessus qu’on mettait l’accent. Puis j’ai eu des amis qui venaient d’autres églises ou d’autres familles d’églises. J’ai eu une amie, entre autres, qui a grandi avec moi dans l’Église baptiste. Puis elle revenait d’un voyage au Guatemala où elle avait découvert d’autres pratiques, d’autres façons de voir le Saint-Esprit et d’interagir avec lui. Puis ça, j’avais tellement soif de découvrir plus ça que j’ai vraiment accroché. J’ai commencé un processus, de chercher premièrement, c’est qui le Saint-Esprit? C’est quoi les dons spirituels? Comment je peux vivre sa puissance à l’œuvre autour de moi? De même, voir les miracles surnaturels parce que j’étais comme, Dieu est tout-puissant et capable de tout faire. Puis, à travers ce cheminement-là, c’est ça qui m’a amené à changer d’église, à aller dans une église charismatique. Vraiment, pour découvrir encore plus le Saint-Esprit. Pas seulement parce que j’ai lu beaucoup sur ça, mais je voulais aussi l’expérimenter avec des gens qui font l’expérience du Saint-Esprit de plein de manières différentes. Et puis, ça a été vraiment enrichissant pour ma foi. Oui, j’ai découvert encore plus, bon, la puissance du Saint-Esprit, comment faire équipe avec lui, le voir à l’œuvre. Mais je dirais même que la plus belle chose que ça m’a apporté, c’est vraiment d’aller à un niveau encore plus profond dans mon intimité avec lui, d’apprendre à entendre sa voix, puis vraiment sentir sa présence avec moi. C’est ça pour la petite histoire.
Élizabeth: Ce qui est fascinant, parce que vous avez comme le cheminement un peu contraire. Moi je tripe en ce moment. Xavie, toi, à quoi ressemblait ton histoire?
Xavie: Quand même similaire, un peu. Moi aussi, j’ai une très belle expérience d’une église, une petite église mennonite dans Lanaudière, donc anabaptiste. Toute petite église qui est restée petite tout le long de ma vie aussi, puis, mais un peu comme toi, ça m’a donné l’étincelle où j’ai rencontré, j’ai expérimenté Dieu, puis que j’en voulais plus, plus, plus. Puis là, après le secondaire, je suis allé avec Jeunesse en mission passer une année où est-ce que, wow, le ciel sous Dieu était tellement plus grand. Là, en revenant à mon église, on dirait que là je trouvais les enseignements un petit peu moins riches. Puis là, après l’université, j’ai rencontré mon mari et on a décidé de faire un film, L’heureux naufrage, si quelques-uns l’ont connu. Où est-ce qu’on est allé poser des questions aux plus grands, selon nous, qui avaient beaucoup de choses à nous dire: philosophes, prêtres, différentes dénominations, chrétiens ou non-chrétiens. Et encore là, j’ai vu encore bien d’autres choses de Dieu, d’autres volets de Dieu. Puis, dans le fond, même la philosophie a commencé à m’ouvrir aussi des horizons par rapport à Dieu. Voilà mon cheminement.
Élizabeth: Merci. J’aimerais qu’on explore quelles sont quelques leçons que vous tirez de votre expérience à chacun d’entre vous. Quelles leçons tirez-vous de votre expérience pour développer un peu cette saine ouverture envers l’autre, surtout si l’autre, peut-être, semble un peu suspect?
Matt: Pour moi, il y avait des moments où je pensais, j’ai questionné la théologie de mon église d’enfance, mais il n’y avait jamais une question de, « Il faut que je trouve une autre église. Il faut que je quitte tout de suite parce que je ne peux pas louer Dieu avec les gens ici. » Ce n’était pas du tout comme ça. Par contre, je m’impliquais plus à l’église pendant cette période de cheminement, de croissance spirituelle, personnelle, et je voulais faire partie de discuter et de dire « Comment est-ce qu’on peut former des disciples? Comment on peut combler les besoins que je vois dans mon église qui, comme, on valorise certaines choses, mais on défavorise les autres. » Et dans ma réflexion personnelle, je pensais peut-être qu’on peut équilibrer ça inspire un petit peu, et j’étais impliqué dans le ministère de former des disciples. Et même si cette église était l’église qui m’a envoyé en voyage missionnaire après l’université, c’était juste quand je me suis marié et comme moi et ma femme avions des églises dont on faisait partie depuis l’enfance, et on a décidé de démarrer de nouveau ensemble à une église avec une mission très spécifique. Et c’était ça la raison que j’ai quitté l’église. Donc pour moi, ce n’était jamais une question de, il faut que j’abandonne ce groupe de personnes, c’était une communauté, ma communauté en premier, même avant la liste des positions théologiques. Et pour moi, c’était de cheminer ensemble, de demander des questions. C’est ça, la façon que je peux approcher l’autre, même hors de l’église. Quand je rencontre les gens non croyants au travail, d’être à l’écoute et de proposer et de travailler ensemble, même quand on n’est pas 100 % en accord. Et pour moi, c’est la leçon que je tire et je retiens parce que je ne méprise pas mon ancienne expérience de foi, et je suis encore en relation avec beaucoup de gens de cette église.
Catherine: Pour moi, ça s’est fait beaucoup à travers des amis en qui j’avais vraiment confiance. C’était entre autres à Pouvoir de Changer, j’avais des amis qui venaient d’autres familles d’églises, puis des personnes que je voyais leur amour pour Dieu, je voyais qu’ils étaient consacrés. Et là, quand ils ont commencé à me parler de certaines pratiques que moi je n’étais pas du tout familière avec, c’est là que j’ai fait: « Ah oui, tu fais ça, toi? » Puis j’étais comme, parce qu’il y avait des pratiques que, veux, veux pas, j’avais des préjugés, et surtout, je pourrais en nommer quelques-uns comme prier en langues, comme certaines manifestations du Saint-Esprit. Ce sont des choses que j’étais comme, « c’est bizarre. » Puis j’avais été élevé, aussi, avec un peu l’idée que, « ça c’est pas pour nous. » Mais vu que c’est venu de gens, que je voyais les fruits dans leur vie, je voyais leur amour pour Dieu quand ils m’ont dit qu’ils pratiquaient ces choses-là, je voulais en savoir plus. J’ai commencé à poser des questions, « qu’est-ce que ça fait dans ton cœur quand tu fais ça? Qu’est ce que ça apporte dans ta relation avec Dieu? » Et ça a été super enrichissant. C’est là que ça m’a amené à voir, au-delà des apparences ou peut être des préjugés que je m’étais fait, de voir comment ces gens-là vivaient leur foi et comment ces pratiques-là les aidaient vraiment à connecter avec Dieu. C’est un peu ça pour moi.
Élizabeth: Oui, ce que j’entends, c’est comme de retenir un petit peu le jugement pour comprendre. Sinon, j’ai beaucoup apprécié, Matt, ton commentaire, tes deux commentaires, en fait, de voir un peu les différences comme une occasion de collaborer ensemble et de se compléter à quelque part. Mais aussi, l’idée que c’est correct si tu vois une église où t’es pas d’accord avec tout, avec tout le monde en toutes choses. Mais des fois, je pense que si je regarde à l’intérieur de mon coeur, j’ai un peu cette tentation-là. Des fois, il faut que tout le monde soit d’accord, sur la même longueur d’onde. C’est comme, ouin, on n’est pas obligé et c’est correct. On peut être une communauté, c’est plus profond que des croyances un peu secondaires. Toi, Xavie, comment est-ce que tu répondrais à cette question-là?
Xavie: Moi, j’ai vraiment beaucoup aimé ce que Catherine a dit par rapport aux fruits. Je pense que pour moi, c’est vraiment quelque chose. On reconnaît un arbre à ses fruits, ce que Jésus a dit. Je suis vraiment à la recherche de ces fruits-là, justement, dans toutes les églises vraiment. L’heureux naufrage m’a donné le beau cadeau d’aller dans toutes les églises. On a été invité dans plusieurs régions du Québec, dans plusieurs églises où est-ce qu’on avait comme ça des rassemblements et on regardait le film et puis après on jasait. Et à travers ces deux années-là, je me suis fait plein d’amis, vraiment dans plein d’églises. Puis je ne dirais pas que c’est des églises, c’est des gens qui portent des fruits un peu partout, qui m’inspirent, et pour moi, ça devient eux, mon église, aussi, dans un certain sens. Puis j’en ai beaucoup dans l’Église catholique aussi. Puis, c’est ça. Je ne pense pas qu’on peut dire telle église est mauvaise. Dans chaque église, il y a des individus. Puis chaque église peut porter des fruits.
Élizabeth: Vous semblez tous avoir gardé un souvenir quand même positif de votre ancienne famille d’églises. Mais on connaît tous des gens qui ont changé de camp, entre guillemets, et qui méprisent leur passé. Selon vous, comment évoluer dans sa foi sans démoniser là d’où on vient?
Matt: Je me trouve souvent dans une situation où je défends les pentecôtistes aux baptistes et je défends les baptistes aux pentecôtistes, et j’aime un peu être dans cette position là, d’avoir expérimenté les deux et d’avoir vu les défauts des deux et les bienfaits aussi. Je pense que la façon de naviguer tout ça, c’est de reconnaître que la tradition chrétienne, l’histoire de notre foi, c’est long, et c’est un puits profond. Et il y a souvent, quand on pense à des dénominations, la plupart sont en accord sur toutes les questions primaires et c’est juste dans les distinctifs qu’on se divise, et je ne suis juste pas prêt de mépriser les gens qui ont des différences d’opinion sur les questions qui ne sont pas essentielles. Et d’après moi, je pense que les églises baptistes devraient avoir les gens qui peut-être dansent un peu pendant la louange. J’aime voir ça. C’est quelque chose que je retiens de mon « background, » et aussi dans mon ancienne église pentecôtiste, je voulais voir peut-être un peu d’emphase sur la communauté autour de nous, et pas juste les expériences plus émotives. Et ce n’est pas du tout juste ça. Mais je veux voir les églises avec les gens qui sont un peu en désaccord, mais qui veulent rester là en communauté pour diversifier et pas juste de faire un « sort » [tri] dans les différents camps, autour des petites questions.
Catherine: Moi, pour moi, c’était vraiment le pardon. Je m’explique. Dans cette période où j’ai vécu un genre de désert spirituel ou d’insatisfaction, c’est sûr qu’il y avait des émotions qui venaient avec ça. Peut-être des déceptions ou des frustrations que peut-être des gens autour de moi ne comprenaient pas mon questionnement ou n’étaient pas en mesure d’y répondre ou de m’accompagner dans ce cheminement-là de la découverte du Saint-Esprit, et tout ce qui vient avec. Puis, quand je suis partie, j’étais un peu en réaction à ça, je pense. Puis c’était facile pour moi, en voyant les bonnes choses que je découvrais, de faire « ah bien eux ils n’ont pas ça, » et là de vouloir les diminuer. Et pour moi, vraiment, c’est le Saint-Esprit qui m’a montré à un moment donné, là tu dois pardonner. Puis, ce que ça fait dans le fond, quand on a des émotions négatives, on a une offense dans notre cœur par rapport à une église, c’est qu’on les voit à travers un filtre où est-ce que ça amplifie peut-être les lacunes ou les manquements. Puis on voit juste ça. Puis, pour moi, le fait de pardonner, c’est enlever ce filtre-là. Puis j’ai été capable. C’est sûr que oui, je pourrais encore les voir, les lacunes, puis les nommer, mais ce n’est plus aussi important pour moi. Puis je suis capable de voir tout le riche héritage que j’ai eu de toutes ces années dans l’Église baptiste. Je suis capable de voir aujourd’hui qu’est-ce qui est encore présent dans ma vie, dans ma relation avec Dieu, à cause de tout ce que j’ai reçu. Et ça, c’est tellement précieux. Et ça, ça m’a permis d’avoir une vision plus équilibrée aussi, par rapport à mon ancien milieu.
Élizabeth: J’aime cette image de filtre là. Je trouve que c’est très approprié. Xavie?
Xavie: Bien moi, j’avoue que je suis, comme le titre de notre film, je suis quand même content. Ça s’appelle L’heureux naufrage. Ça parlait beaucoup du catholicisme au Québec, mais c’était quand même heureux ce naufrage-là. Parce que justement, ça a permis plein de nouvelles églises, puis de personnes de retrouver… Énormément de gens sont devenus non Chrétien, ont abandonné la foi. Mais est-ce que vraiment ils l’avaient parce qu’ils étaient obligés? Puis, pour moi, même ma petite église autant que je l’ai aimée, elle est morte. Aujourd’hui, elle n’existe plus. Puis je trouve quand même que c’est heureux, un peu. Parce que pour moi, ça m’a aussi libéré un peu, pour aller à autre chose où Dieu est toujours présent. Même sa présence, peut-être que je la sens encore plus. Il ne faut pas avoir peur de la mort. En tout cas. Et puis, bien je ne sais pas. Je voulais juste partager un petit témoignage. C’est qu’on a une jeune fille de 14 ans, ma plus grande a 14 ans. Puis à travers tout ça, nous on a commencé, quand on a été un couple, on a été dans l’Église baptiste. Ensuite, on a été dans l’église, on est retourné dans l’Église mennonite, on a fait L’heureux naufrage. On a été deux ans à l’Église catholique. On a été aussi avec Jeunesse en mission.
En gros, je veux juste vous dire qu’on a fait beaucoup d’églises. Ma fille, elle nous a suivis dans tout ça. Puis nous, on lui partage Dieu, elle nous voit vivre aussi et avoir la foi. Puis je trouvais ça magnifique, parce que cet été, elle nous a dit, puis on ne s’en attendait pas du tout, parce que là on ne va plus à l’église, on va plus à l’église où on est. Puis là elle nous a dit: « Maman, j’ai vraiment expérimenté l’amour de Dieu. Puis j’aimerais ça me faire baptiser. » Puis, on n’allait pas à l’église. C’est juste pour dire que Dieu, « He’s got his way. » Et on n’a pas à avoir peur. Il est là, il est en contrôle. Puis, en fait, c’est à travers une amie catholique, une amie qui allait dans un cours Alpha à l’Église catholique, que ma fille est allée là parce qu’aussitôt que j’ai su qu’il y avait un cours Alpha, j’ai dit oui, certainement, vas-y, je fais confiance à tout ça. Puis voilà, elle a rencontré Dieu. Il y avait un atelier où est-ce qu’on demandait au Saint-Esprit de venir parler. Puis elle a senti l’amour de Dieu. C’est juste pour dire, des fois Dieu vient nous chercher où on s’en y attends pas. Puis, des fois, on n’a pas à avoir peur de perdre le contrôle.
Élizabeth: Quelle belle phrase, « Dieu vient nous chercher là où on s’en attend pas. » Dernière question pour nous ce matin, c’est clair que ce phénomène d’évolution théologique, si je peux l’appeler ainsi, va continuer de se produire dans nos églises, dans nos vies, surtout auprès des jeunes adultes. Comment, selon vous, qu’est-ce qu’on fait pour adopter une posture, honnête, émotionnellement saine, et une posture qui va honorer Jésus aussi, tout en honorant les gens autour de nous, nos proches, même quand ils ne comprennent pas ces changements qui se produisent en nous? Comment est-ce qu’on fait pour bien faire ça?
Matt: Oui, c’est difficile. Je pense que ça dépend avec qui, c’est possible d’avoir des gens dans ta vie comme à l’église, une famille qui a peur que tu abandonnes la foi ou que tu fasses un grand changement qui leur semble déstabilisant. Et je pense que quelqu’un qui est en train de faire cette évolution et de chercher, de cheminer, je pense qu’une bonne chose à faire, c’est de ne pas faire… nos choix ne sont pas la chose la plus digne. Juste de choisir de changer, de choisir quelque chose de nouveau. Les choix ne sont pas comme la fin de tout. Donc, ce n’est pas qu’on ne peut pas changer d’église, mais de ne pas penser en cas de juste nos choix et d’essayer de travailler ensemble. Demande les questions là où tu es et pas juste chercher une nouvelle place où tu te sens plus confortable, où le « fit » est mieux. Je pense que pour moi, si je suivais seulement mes désirs, juste au fond d’être confortable, de ressentir comme j’ai ma place parfaite, je changerais d’église chaque mois, de trouver quelque chose qui me plaît au maximum. Mais je pense que ce n’est pas ça qu’on cherche. On cherche Dieu, on cherche à être dans sa volonté et juste de prendre le temps et de ne pas juste dire « je cherche à valoriser quelque chose, » mais de ne pas laisser tout derrière nous, toutes nos expériences. Juste parce que tu veux ajouter quelque chose à ta foi ou tu cherches une nouvelle expérience. Ce n’est pas nécessaire d’abandonner toute cette tradition personnelle et la tradition chrétienne en gros. Et pour les gens qui ont peur pour les jeunes qui cherchent ça, je pense qu’eux aussi devraient penser à la diversité, la grandeur de la foi chrétienne. Il y a de la place.
Catherine: Je dirais que je pense que la meilleure raison, quand on se pose des questions et qu’on cherche, c’est vraiment, le but ça devrait être toujours de se rapprocher de Jésus et de l’aimer encore mieux et de le connaître encore mieux. Puis ça, je pense, c’est une façon d’honorer Jésus dans ce parcours-là. C’est que si tes motifs, c’est vraiment, c’est vers lui que tu cours, ce n’est pas parce que t’es en réaction à des choses que tu n’aimes pas, ou peu importe, c’est vraiment « comment est-ce que je peux me rapprocher de Jésus? » Et oui, c’est correct que d’autres églises aient des choses à nous apporter, c’est enrichissant. Puis ça peut nous propulser, même dans notre marche avec Dieu. Mais après, c’est vrai que, je pense, ça demande beaucoup de grâce et de patience aussi envers les gens autour de nous qui ne comprennent pas nécessairement pourquoi tout d’un coup t’as besoin d’aller voir ailleurs, tu sais. Mais c’est de juste dire, Dieu a un cheminement pour chacun de nous qui est différent et de juste accepter que, je sais que des fois c’est difficile. Puis moi, je l’ai vécu un peu. Des fois, certaines personnes ne comprenaient pas nécessairement pourquoi je voulais aller voir, explorer autre chose. Mais, au début, je voulais tellement les persuader, essayer de me justifier ou de vouloir vraiment qu’ils comprennent et qu’ils embarquent avec moi dans cette quête-là. Mais après, j’ai vraiment amené ça devant Dieu, puis j’ai appris à voir, à être en paix avec le fait que c’est Dieu qui fait un cheminement dans la vie de chacun et chaque cheminement est différent. Et que c’est correct aussi.
Élizabeth: Xavie, en terminant, le mot de la fin.
Xavie: Moi je pense qu’on peut juste être nous-même. Je trouve que s’il y a une église qui ne nous permet pas d’être nous-mêmes, on ne devrait pas être là. Puis, s’il y a une église qui nous accueille comme on est vraiment ou qui même nous encourage à devenir la plus belle version de nous-mêmes, qui nous permet de fleurir, qui nous soutient parce que la vie est difficile, et qui nous aide à fleurir dans qui on est, qui nous connaît. En tout cas, je pense que ça devrait être ça l’église. Je pense que nous on a à être nous-mêmes et à protéger ce qu’on porte aussi en nous, ce que Dieu a mis en nous, notre couleur, notre saveur. Je trouve ça magnifique que vous avez été assez à l’écoute de vous-même pour dire: « moi, j’ai besoin, mon esprit a besoin de… » Puis, on ne décide pas dans quelle église on va naître ou on va être. Mais on découvre qui on est à travers Dieu.
Élizabeth: Merci à mes invités, merci à vous. C’est la conclusion de ce panel.

Xavie Jean-Bourgeault a terminé des études en anthropologie sociale et culturelle à l’Université Laval. Depuis 2005, elle a suivi plusieurs formations en art médiatique et a travaillé sur différents projets de fiction et de documentaire au Québec, aux États-Unis, au Pérou et en Chine. Ses compétences sont principalement au niveau de la recherche, de la coordination de production, du montage et de la réalisation. Xavie cherche, par le médium du cinéma, à donner voix aux populations et à inspirer des actions porteuses de sens. Elle produit actuellement un documentaire sur le Royaume de Dieu in situ , là où nous sommes placés, dans notre individualité précieuse.

Catherine Côté a pour objectif de vie de sans cesse approfondir son intimité avec Dieu et d’inspirer les autres à faire de même. Elle fait partie de l’Église Catch the Fire Montréal depuis 8 ans et s’implique entre autres dans la création de ressources en français et l’accompagnement de nouveaux croyants. Rédactrice et réviseure à son compte, elle a écrit cinq livres pour enfants et finalise présentement un livre sur… l’intimité avec Dieu! Elle a grandi à Saint-Hyacinthe et habite maintenant dans le beau quartier de Verdun, à Montréal.

Matt Civico est originaire de Montréal, où il réside avec son épouse. Ensemble, ils aiment profiter de tout ce que la ville leur offre sans être pris au piège d’une soif insatiable de se innombrables attraits. Il est détenteur d’un B.A. en histoire et d’un diplôme en journalisme de l’université Concordia. Matt diffuse l’infolettre Good Words, une missive sur la foi et la technologie et il est éditeur du site Common Pursuits.

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