Bien que ce soit plus facile pour moi de penser à Dieu lorsque je suis dans un contexte qui m’encourage à reconnaître sa présence, je vais manquer la grande majorité des occasions qui me sont données de lui parler si je ne fais que m’attendre à ces moments pour me tourner vers lui.
Ce matin est rempli de contrastes. Je sors d’un rassemblement de personnes « créatives » dans la métropole qui m’a permis de passer 90 minutes en compagnie de personnes plus inspirantes les unes que les autres, tout en mangeant d’excellentes pâtisseries et en buvant du café pour-over.
Présentement, je me retrouve assis à une table en plastique boulonnée au sol dans une aire de restauration rapide faisant partie du souterrain montréalais. Je suis ici puisqu’on m’a refusé l’accès à ma prochaine destination pour la simple et bonne raison qu’elle n’ouvre ses portes que dans une trentaine de minutes. Entre deux lieux de ma prédilection, je suis maintenant entouré de personnes qui, selon les apparences, carburent quotidiennement aux combos déjeuners de A&W et passent le gros de leur matin à simplement observer les gens passer.
Il y a vingt minutes, la vie me semblait remplie de beauté et ma seule préoccupation était de maximiser toutes les opportunités devant moi. Maintenant, je réalise que cette ambition n’est réservée qu’à une petite tranche de la population, et seulement à ces rares moments où nous réussissons à aligner tous nos amours devant nous jusqu’à épuisement des stocks.
Ma vie est un microcosme de cette ville qui est mienne, avec ses cafés hipsters et ses aires de restauration rapide, ses lieux où se rencontrent ses plus beaux résidents à succès et ses habitants aux présentations imparfaites et aux déficiences intellectuelles difficiles à cacher. Je préférerais ne jamais avoir à visiter des lieux qui me rappellent que la vie est composée de moments glorieux et de moments où l’on ne fait que survivre d’un moment à l’autre. Mais ce portrait ne serait pas exact, même pour les meilleurs d’entre nous.
Dans tous ces lieux, Dieu est présent. Dans tous mes états, Dieu est présent. Bien que ce soit plus facile pour moi de penser à Dieu lorsque je suis dans un contexte qui m’encourage à reconnaître sa présence (dans la nature ou à l’église, par exemple), je vais manquer la grande majorité des occasions qui me sont données de lui parler si je ne fais que m’attendre à ces moments pour me tourner vers lui.
Dans quelques minutes je vais me rendre à la Grande Bibliothèque, un autre de mes endroits favoris, où je peux me perdre dans une forêt de livres et de personnes introverties et bouquineuses comme moi. Mais Dieu ne m’attend pas à cet endroit. Dieu est déjà présent ici, avec moi à cette table inconfortable, et aussi avec cette personne déficiente au rire déconcertant et cette personne âgée qui semble être seule au monde. Dieu est ici, parce que Dieu est présent partout; en particulier, là où nous sommes.
La pratique
Être présent comme Dieu est présent
Au courant de ta journée, arrête-toi pour observer ton contexte, le lieu où tu es, les sons et les odeurs de cet endroit, les gens qui s’y trouvent et les sentiments que tu as en réaction à cet endroit et aux gens qui s’y trouvent. Reconnais que Dieu est ici, avec toi et en toi, et aussi qu’il est dans ce lieu et actif au milieu de tout ce qui s’y passe, même là où sa présence semble être exclue. Rends-toi compte de sa présence, écoute-le, parle-lui, et va vers quelqu’un pour partager un moment de ta journée avec eux. Reconnaître la présence de Dieu est une étape essentielle au développement de notre propre capacité à être « présent » et à communiquer sa présence autour de nous. Nous ne sommes pas omniprésents, comme Dieu, mais nous pouvons apprendre à être pleinement présents, là où nous sommes.
Image par 𝓴𝓘𝓡𝓚 𝕝𝔸𝕀 𝕞𝔸ℕ 𝕟𝕌ℕ𝔾

Jeremy Favreau
Jeremy est le directeur de Convergence Québec. Il vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois jeunes garçons.
Articles similaires
25 novembre 2019
Prendre une minute de chaque heure pour me rappeler de Dieu
Notre désir réel est de nous rappeler de la présence de Dieu à chaque instant. Mais l’effort de prendre une minute pour nous rappeler de Dieu est utile, parce qu’elle nous permet de réaliser la triste réalité du nombre d’heures que nous vivons chaque jour comme si Dieu n’y était pas.
7 janvier 2019
Réapprendre à être pleinement présent
On a désespérément besoin de l’expérience complète de l’évangile qui touche corps et âme, tête et cœur. Pour cela, ça prend des croyants qui prennent conscience de leur entourage et qui choisissent de s’y enraciner profondément.
6 décembre 2018
Être « missionnel » nécessite une théologie du lieu
Je suis convaincue que si nous voulons vraiment vivre en mission selon le modèle biblique, nous devons porter attention à l’espace où nous vivons. Après tout, si nous sommes envoyés, nous devons être envoyés quelque part... non?