Troisième article de la série
Redécouvrir le carême : une saison pour renaître
Lorsque tu penses à ta conversion, penses-tu à un événement passé, présent ou futur?
Pendant longtemps, je croyais que ce mot se rapportait seulement à l’expérience initiale d’un individu qui plaçait sa foi en Jésus pour être sauvé. Mais ce mot a un sens beaucoup plus large et compréhensif que la description d’un événement figé de notre histoire. La conversion dans toute son essence, c’est le changement initié lorsque nous nous tournons vers Christ et qui continue de s’opérer à mesure que nous gardons nos yeux sur Lui et continuons de marcher à sa suite.
La saison de carême est une période dans l’année consacrée à la conversion. Celle de nos pensées, de nos désirs, de nos habitudes et de nos priorités. C’est un temps que nous mettons à part pour inviter le Saint-Esprit à œuvrer profondément en nous et à nous faire progresser vers une plus grande sanctification et ressemblance à Christ.
La saison de carême est une période dans l’année consacrée à la conversion. Celle de nos pensées, de nos désirs, de nos habitudes et de nos priorités.
Mais pourquoi ce mot : conversion? Considérons ce mot quand il est employé dans un autre contexte.
Tu connais ces anciennes maisons à multiples pièces sur 3 ou 4 étages qui coûtent un bras à chauffer pendant l’hiver? Peu de ces demeures servent encore aujourd’hui de maison unifamiliale comme à leur origine. Ces maisons, qui servaient jadis à loger de grandes familles d’une dizaine d’enfants ou plus, ont maintenant été converties en duplex ou petits immeubles à logements. Leur apparence extérieure n’a pas changé plus que ça, mais à l’intérieur c’est désormais un autre monde : de nouveaux murs ont été érigés, des pièces ont changé de fonction, et de nouvelles portes ont été installées pour satisfaire les exigences de la régie du logement. Une transformation intérieure a eu lieu.
Mais avant que cette transformation puisse avoir lieu, il faut que le bâtiment reçoive une « nouvelle nature », que sa raison d’être soit altérée définitivement pour servir une nouvelle fonction. Dorénavant, elle ne sera plus une maison unifamiliale servant à loger une seule famille, mais un édifice multifamilial qui servira de logement à plusieurs.
Ce changement de nature illustre bien ce qui se passe dans la vie d’un croyant quand il permet à Dieu d’opérer une « régénération » en lui. Ce mot théologique exprime l’œuvre salutaire que seul Dieu peut opérer en nous : l’acte souverain par lequel Il nous fait passer de la mort à la vie. C’est ce qui produit la nouvelle naissance, et c’est ce qui fait de nous une nouvelle création (2 Corinthiens 5.17). Ce n’est qu’une fois cette étape franchie que le travail de conversion commence.
Vivre selon la nouvelle nature que Dieu a placée en nous est un travail de chaque jour. Le Saint-Esprit est toujours prêt à nous assister, à chaque pas que nous sommes prêts à faire. Le problème, c’est que nous ne sommes pas toujours attentifs à sa voix, sensibles à ses directives, ni assez humbles pour lui obéir. Dans ces cas, le travail ne progresse pas comme il le pourrait.
Le Saint-Esprit est toujours prêt à nous assister, à chaque pas que nous sommes prêts à faire.
Pendant le carême, nous choisissons de nous humilier, de nous priver de nos distractions et de nous mettre à l’écoute du Saint-Esprit afin de Lui permettre d’œuvrer profondément en nous. Nous voulons être convertis à l’image de Christ, ce à quoi notre nouvelle nature nous appelle. Ce travail s’effectue en deux étapes : débarrasser nos êtres de ce qui reste de l’ancienne nature et le remplacer par ce qui est propre à notre nouvelle nature.
Voici une liste d’habitudes néfastes pour nos âmes qui n’ont pas de place dans notre être transformé* :
- Nier la réalité de notre souffrance, de nos blessures, de notre histoire.
- Minimiser les difficultés auxquelles nous faisons face, ou qui affectent notre famille et nos proches.
- Blâmer les autres pour ce dont nous sommes responsables.
- Se blâmer soi-même pour le mal qui nous a été fait.
- Rationaliser afin de justifier nos péchés ou nos mauvais comportements.
- Généraliser et offrir des arguments intellectuels pour ce qui devrait nous toucher en plein cœur.
- Chercher à changer de sujet lorsque nous sommes confrontés aux effets de nos actes ou aux conséquences de notre façon d’être vis-à-vis des autres.
- Devenir hostile quand un thème inconfortable est soulevé.
Le fait de prendre conscience de ces comportements et de s’en détourner s’apparente à la phase de démolition nécessaire dans une ancienne demeure avant que de nouveaux murs puissent être érigés. C’est un sale boulot qui perturbe nos habitudes et peut s’avérer déconcertant. Mais le malaise généré n’est pas supposé demeurer, pas plus que l’état délabré d’une maison avec les murs arrachés. Une fois cette étape enclenchée, il faut sans tarder passer à l’étape suivante : la reconstruction.
Jésus explique ce qui se passe lors de cette étape de la transformation intérieure dans une parabole (Luc 11.21-28) : il enseigne qu’il ne suffit pas de balayer dans un coin les déchets post-démolition qui remplissent la maison de notre âme. Il est nécessaire de rebâtir et remeubler notre être intérieur selon sa nouvelle nature par notre obéissance à la Parole de Dieu. C’est seulement de cette manière qu’une conversion totale peut avoir lieu.
Il est nécessaire de rebâtir et remeubler notre être intérieur selon sa nouvelle nature par notre obéissance à la Parole de Dieu. C’est seulement de cette manière qu’une conversion totale peut avoir lieu.
Nous devons dorénavant penser, parler et agir selon notre nouvelle nature et contrairement à nos habitudes fraichement délaissées. Chaque pensée, parole et action doit être infusée des fruits de l’Esprit (Galates 5.22-23). Il ne faut plus refuser, détourner ou atténuer la vérité, mais au contraire la rechercher, la recevoir et lui permettre de nous reconstruire selon notre nouvelle identité.
Comment nous pouvons délaisser ce qui reste de notre ancienne nature et revêtir la nouvelle nature en Christ sera le sujet des deux prochains articles de cette série. Ne les manque pas!
*La liste qui suit est tirée de Emotionally Healthy Spirituality de Peter Scazzero, p. 141-142.
Pratiques pour vivre le carême
Sors l’ancien!
• Demande à Dieu de te montrer ce qui, dans ta manière de vivre, provient encore de ton ancienne nature.
• Relis la liste des habitudes néfastes énumérées plus haut et demande-toi si tu essaies encore d’échapper à la réalité en aillant recours à l’une de ces habitudes.
• Demande à tes proches s’ils perçoivent en toi l’une de ces habitudes néfastes.
• Repens-toi de ces choses.
Fais entrer le nouveau!
• Offre-toi à Dieu comme un sacrifice vivant (tu ne vis plus pour toi-même). Romains 12.2
• Demande à Dieu de t’aider à être vrai et à vivre selon ta nouvelle nature.
• Mets sur papier les anciennes habitudes que tu désires délaisser et les nouvelles que tu désires pratiquer à leur place.
• Remercie le Saint-Esprit pour son aide, sans laquelle il est impossible pour toi de faire ces choses.
Cet article a été publié pour la première fois en 2016 sur focusfamille.ca.
Série
Redécouvrir le Carême : une saison pour renaître

Jeremy Favreau
Jeremy est le directeur de Convergence Québec. Il vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois jeunes garçons.
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