J’avais peine à croire, un vendredi matin, ces paroles de l’auteur Richard Foster au sujet du jeûne : « Trois à sept jours est un bon laps de temps [pour jeûner] et aura, en toute probabilité, une influence considérable sur la direction de ta vie. » Ça faisait des années que je n’avais pas jeûné de façon régulière, et en repensant aux longs jeûnes que j’avais déjà faits, j’avais de la difficulté à les voir comme des points tournants. Mais cela aurait été faux de dire que le jeûne ne m’avait jamais changé.
Vers la fin de mon adolescence, je cherchais à comprendre la foi chrétienne. J’ai commencé par lire le Nouveau Testament, un chapitre par soir juste avant de me coucher. Le sixième soir, je suis tombé sur les paroles de Jésus qui disent : « Lorsque tu pries… » prie ainsi, et « Lorsque tu jeûnes… » fais-le de telle manière. Je n’avais jamais pratiqué ni l’un ni l’autre, alors ce qu’il a dit m’a vraiment marqué. Il tenait pour acquis que ses disciples priaient et jeûnaient. « Si c’est ça, être chrétien, me suis-je dit, j’y vais! » À partir de ce moment, j’ai ajouté un moment de prière quotidien et une journée de jeûne (le mercredi) à ma routine hebdomadaire. Sans dire mot à personne, bien sûr, car Jésus insistait que ces pratiques soient faites en secret.
J’ai grandi avec une relation malsaine envers la nourriture, autant sur le plan spirituel que physiologique. Comme vous pouvez l’imaginer, avoir un surpoids à l’école secondaire peut être toute une source de honte. Néanmoins, je n’avais pas développé la maîtrise de moi nécessaire pour changer mes habitudes de surconsommation et de sédentarité. Par contre, l’une des premières fois que j’ai constaté que j’avais, peut-être, besoin de Dieu dans ma vie était lors d’une soirée de musique à l’église où j’ai grandi, vers l’âge de treize ou quatorze ans. On était seulement une douzaine de personnes, incluant deux musiciens qui ont présenté leur cheminement spirituel à travers des histoires et des chants. Il me reste à l’esprit une ligne de l’une de ces chansons : « On the first day of my food abuse, You were there with me. » (Dès le premier jour que j’ai abusé de la nourriture, Tu étais avec moi.) J’ai immédiatement compris que mon problème avec la nourriture était un problème spirituel, contre lequel je n’étais pas seul à lutter.
C’est pourquoi, lorsque j’ai commencé à prier et à jeûner quatre ou cinq ans plus tard, ce refrain est revenu dans tous mes temps de prière : « Dieu, aide-moi à perdre du poids et à me mettre en forme. » Dieu a répondu en m’enseignant la maîtrise de moi, et je suis persuadé que la pratique du jeûne m’a beaucoup aidé à apprendre à dire « non. » Un autre moment qui reste figé dans ma mémoire est d’un après-midi à ma jobine au secondaire. Je faisais le ménage dans une garderie en fin de journée, et les jours d’anniversaire des enfants, les éducatrices gardaient souvent du gâteau pour moi. Une fête est tombée un mercredi, et j’ai trouvé dans la cuisine un gros morceau de gâteau des anges, réservé pour moi. En fermant les yeux, je peux encore voir ce gâteau en train de tomber de son assiette dans la poubelle, juste avant que je sorte les vidanges et que je barre la porte pour la nuit.
Mais malgré toutes ces expériences, je ne croyais pas vraiment les paroles de Foster lorsque, ce vendredi-là, j’ai entrepris un jeûne pour la fin de semaine. J’affrontais ce qui était pour moi l’un des plus grands défis de ma carrière. Lundi venu, bien que je ne savais toujours pas ce qui adviendrait de cette situation, ces trois jours de prière, de méditation, de réflexion, de faim, d’angoisse et de lutte m’ont permis de passer de l’anxiété, de la colère, de la crainte et du désespoir à l’espoir, au pardon, et à la confiance que Dieu avait un plan. Et ce, même si mes plans pour ma vie allaient avoir déraillé.
La Pratique
Jeûner est la pratique très simple de ne pas manger pour une période de temps définie. Si tu désires essayer cette pratique, commence doucement, par un jeûne partiel de vingt-quatre heures, où tu bois du jus pur (pas d’eau sucrée ni de caféine!). Ce pourrait être, par exemple, d’un dîner au prochain dîner, en sautant alors deux repas. Après quelques jeûnes partiels – trois ou quatre semaines si tu jeûnes de façon hebdomadaire – essaie un jeûne de la même durée où tu ne bois que de l’eau. Fais attention de boire suffisamment; jeûner sans boire est extrêmement dangereux. Résiste à la tentation de prendre un grand repas avant où après ton jeûne. Une soupe aux légumes avec un peu de pain fait un excellent repas de transition. Plus ton jeûne est long, plus la période de transition est importante. Ne dépasse pas 36 heures, ou trois repas, sans lire davantage sur comment jeûner de façon sécuritaire – le chapitre sur le jeûne de Richard Foster dans son livre Éloge de la discipline (ou s’il est plus facile à trouver en anglais, Celebration of Discipline) est un très bon point de départ.
Pendant ton jeûne, essaie de te rappeler de la présence constante de Dieu. Profite de chaque moment que tu ressens la faim pour te tourner vers Dieu dans la prière. Cela peut être aussi simple que de te rappeler Sa présence comme dans cette pratique. Prends le temps que tu aurais consacré aux repas et à leur préparation comme des heures supplémentaires pour méditer sur la Bible et prier à partir de celle-ci. Le jeûne nous rappelle que nous ne vivons « pas de pain seulement, mais de toute parole qui sortira de la bouche de Dieu. » Et comme le dit Foster, c’est un temps pour « festoyer sur la parole de Dieu. »
Image de Jonathan Pielmayer sur Unsplash

Brad Stewart
Brad Stewart est équipier de Pouvoir de Changer - Étudiants dans la Capitale nationale où il dirige les initiatives du groupe avec son épouse Cassandra. Brad étudie la théologie à l’Université Laval où il explore entre autres la contextualisation et la nature de la communauté chrétienne. Il est aussi luthier dans ses temps libres.
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