Michel Gagné introduit la première thématique de la journée en nous aidant à démystifier les différentes composantes et manifestations du phénomène de la chambre d’écho, ainsi que les conséquences de cette dernière sur notre habileté à vivre ensemble dans le respect et l’écoute de ceux qui diffèrent de nous.
Alors bonjour, mon nom est Michel Gagné, je suis historien par formation, je suis philosophe par profession, je suis complotiste en rémission, c’est à dire j’ai passé plusieurs années à suivre, à faire partie des mouvements complotistes. Ce n’est plus le cas. Si j’ai le temps, je vais vous en parler un peu à la fin. Je suis ici pour vous parler du phénomène des chambres d’écho. Alors, on m’a donné la charge de faire le botté d’envoi, si vous voulez. Ce que je voudrais faire pour les prochaines minutes, c’est de faire un peu un survol de la recherche des sciences humaines, sciences sociales, sur ce phénomène des chambres d’écho. Mais avant de définir le mot chambre d’écho, je veux définir un mot, un terme un peu plus large, c’est-à-dire la bulle épistémique. L’épistémologie c’est l’étude de la connaissance. Donc une belle épistémique, c’est tout simplement une bulle d’information ou de recherche du savoir. Alors, une bulle épistémique c’est une communauté, ça peut être une communauté sociale, politique, religieuse, institutionnelle, scientifique même, qui est isolée par rapport aux autres, parce qu’elle trouve ses ressources et connaissances dans des endroits différents que d’autres communautés. Un bon exemple, ça serait moi. J’ai étudié la science politique un bout de temps. Ce qui se passe au Canada, souvent, et surtout dans les années 90 quand j’étais à l’Université, entre le Québec et le « Rest of Canada », on ne regarde pas les mêmes médias, on n’écoute pas les mêmes artistes. Les gens qui regardent Tout le monde en parle se fichent un peu de ce qui se passe dans le Toronto Star et vice versa.
Les bulles épistémiques ne sont pas nécessairement intentionnelles. Elles ne sont pas nécessairement étanches non plus, alors on peut faire partie de plusieurs bulles. C’est sûr que le plus on a d’information, le moins, peut-être, radical on va être, ou le moins on va s’adonner à être dans une chambre d’écho, que je vais définir bientôt. Alors, les barrières entre les bulles épistémiques sont souvent naturelles. Ça peut être linguistique, comme on retrouve au Canada des fois, historiques, géographiques ou autres. Des fois c’est juste un manque d’intérêt. Une majorité ne s’intéresse pas nécessairement à une minorité. À chaque fois que je regarde les nouvelles à Radio-Canada, et qu’on parle « d’évangélistes », j’ai le goût d’envoyer un courriel pour dire « Moi, je m’appelle un chrétien évangélique ». Mais bon, Pascale Nadeau et les autres se fichent probablement un peu de ce que j’utilise, moi, comme marque d’identité. Les gens qui font partie de plusieurs bulles épistémiques, au Canada, on peut penser, par exemple, à des gens comme Céline Dion, Pierre Le Brun, qui fait le hockey à la télévision, Jean Charest. Des gens qui ont les pieds dans les deux cultures linguistiques français, anglais. On les voit souvent comme des ambassadeurs, des vulgarisateurs, des intercesseurs. Donc, on peut faire partie d’une belle épistémique et pas nécessairement faire partie d’une chambre d’écho. Mais si on fait partie d’une chambre d’écho, alors on parle d’une bulle épistémique, plus « narrow », plus étroite, si vous voulez.
Alors, une chambre d’écho, c’est une communauté qui est fermée sur elle-même dans le but du savoir, dans sa recherche de la connaissance. Les membres d’une chambre d’écho, souvent, croient que leur vision du monde est unique. Elle est supérieure. Elle est peut-être plus pure que celle des autres et ça les pousse à avoir de la méfiance envers les autres groupes. Elles affichent souvent, pas toujours, mais souvent, des éléments, des comportements sectaires.
Je voulais faire une plug au début, j’ai oublié. J’ai un podcast. Ça s’appelle Paranoid Planet, si ça vous intéresse. On parle des théories de complot. On parle des sectes religieuses, par exemple, des mouvements semblables. Alors j’ai étudié un petit peu les sectes au printemps passé, et puis on a trouvé plusieurs éléments communs aux sectes. Ce n’est pas nécessairement des sectes religieuses; il y a des sectes qui ne sont pas religieuses. Il y a toujours une mentalité de siège, le sentiment qu’on doit se protéger contre autrui. Il y a souvent une vision du monde très rigide. Soit qu’on y adhère ou on n’est pas vraiment inclus dans le groupe. Il y a un système de punition pour les gens qui ne sont pas d’accord, qui expriment des doutes ou qui semblent fraterniser avec l’ennemi. Il y a des leaders autoritaires ou charismatiques qui, souvent, imposent cette vision aux autres.
Il y a souvent une isolation sociale, une communication qui ne se fait pas avec le monde à l’extérieur, et aussi un langage ou des symboles particuliers. J’ai grandi dans l’Église évangélique, puis des fois, il faut remarquer qu’on a le « Christianese ». Je ne sais pas comment traduire ça. Un genre de langage qui est basé sur des versets bibliques que des fois, les gens qui ne sont pas croyants, ne savent pas du tout de quoi qu’on parle. Quand on utilise des mots comme péché ou grâce, par exemple. C’est un discours qui est étranger pour les gens de Montréal, dans la rue, par exemple. On peut penser à des gens qui font partie de groupes comme QAnon, qui s’affichent avec la lettre Q. Ou où je dirais même, je ne sais pas si ça va choquer quelqu’un, mais je dirais qu’il y a même des tendances dans ce qu’on appelle la culture woke, ou de gauche culturelle aujourd’hui, où les gens s’affichent avec des pronoms ou des choses comme ça en faisant des témoignages. Bon, OK, on a parlé du territoire, on a vu que c’est controversé cette semaine avec ce qui s’est passé avec les Canadiens, puis le gouvernement du Québec qui a répondu. Alors dans une chambre d’écho, on ne tolère pas beaucoup les membres qui vont fraterniser avec l’ennemi. Les collaborateurs sont perçus plutôt comme des traîtres ou des hérétiques. Donc c’est la différence entre la bulle épistémique et la chambre d’écho. La chambre d’écho est plus refermée sur elle même.
Le phénomène des chambres d’écho, on le voit souvent dans les réseaux sociaux. Par exemple Twitter, Facebook, Instagram, c’est des réseaux qui facilitent et accélèrent et encouragent même la formation des bulles épistémiques en unifiant la communauté sociale avec la recherche d’informations. Donc les mêmes personnes qui fraternisent, qui sont des amis, ces mêmes personnes-là s’éduquent l’un l’autre à dire c’est ça qui est la vérité, c’est ça qui est la fausseté. Les phénomènes qui créent la chambre d’écho, surtout dans les réseaux sociaux, il y en a trois ici que je vais mentionner. Le premier, c’est l’homophilie. Ce n’est pas un mot à caractère sexuel, en tout cas, pas nécessairement. Ça veut dire préférer entretenir des relations avec des personnes qui nous ressemblent. Il y a le biais de confirmation, c’est à dire de privilégier les informations qui confirment nos idées préconçues. Alors en cherche de l’information qui va nous confirmer qu’on avait raison de toute façon. On ne cherche pas nécessairement de l’information qui va nous dire qu’on a tort. Troisièmement, le plus gros danger en ligne, où un des gros dangers, c’est que souvent, ça ne se fait pas par choix. Les algorithmes de recherche le font pour nous. Moi, j’évite Facebook, j’évite Tic-Toc, mais sur YouTube, j’ai remarqué souvent que quand je regarde une sorte de vidéo quelques fois, hop, c’est comme il y a juste ça.
L’année passée, il y a quelques semaines, j’avais juste du Jordan Peterson dans ma liste de vidéos YouTube. J’en avais regardé un ou deux, je ne savais pas c’était qui le bonhomme, mais on m’en avait parlé. J’ai regardé, puis c’est comme s’il avait pris possession de mon site YouTube. Alors, chaque bulle épistémique, puis encore plus dans les chambres d’écho, élabore un récit identitaire commun. On se réunit des gens qui nous ressemblent. Puis on renforce l’idée que ça, c’est nous autres, puis les autres, ce n’est pas nous autres, ils ne sont pas corrects. Ça nous place, ou ça place les membres, au centre d’un genre de cercle du bien. Puis, les gens qu’on voit comme ennemis idéologiques sont à l’extérieur du cercle. On peut appeler ça le cercle du mal. Si vous voulez, il n’y a pas vraiment de nuances dans une chambre d’écho. On est sur le bon côté, ou on est du mauvais côté. Dans les lieux de culte, moi je peux parler de la culture évangélique parce que je la connais depuis presque 50 ans. Ah, mais je pense que ça se trouve dans pas mal n’importe quelle dénomination ou religion. On a un genre de réseau social comme on trouve sur l’internet, mais en présentiel, qui réunit la communauté sociale et la recherche du savoir.
Dans la communauté évangélique, on s’enseigne l’un ou l’autre. J’allais souvent dans des églises où il n’y avait même pas de pasteur. C’était les anciens qui prenaient des tours. Ça peut être très bon, mais d’un autre côté, des fois, si aucun des anciens ne connaît vraiment leur matière, c’est, comme on dit en anglais, « the blind leading the blind ». Les aveugles qui mènent les autres aveugles vers une falaise théologique, si vous voulez. Les lieux de culte nous offrent en plus une mission existentielle. Elles établissent nos principes fondamentaux, notre vision du monde. Qui on est. Qu’est-ce qui donne un sens à la vie? Ça nous donne une identité commune. Alors ça peut être des très bonnes choses, mais si cette bulle-là est fermée sur elle-même, on n’entend pas les voix différentes. On pense que notre interprétation est la seule, la meilleure. J’ai été prémillénariste, dispensationaliste, pendant une vingtaine, trentaine d’années, jusqu’à ce que je commence à faire des recherches. Je me dis « Ah », en fin de compte, ce n’est pas aussi clair que je pensais. Plus une communauté entretient une méfiance envers les influences externes, plus elle dérive vers la chambre d’écho. Le phénomène des sectes religieuses, c’est un exemple extrême de la chambre d’écho. Aux États-Unis, on voit ça surtout avec la droite religieuse, surtout dans l’ère de Trump, la droite religieuse qui est souvent évangélique, blanche et moins urbaine. C’est drôle, c’est ma communauté, mais je ne me vois pas dans cette communauté quand je regarde CNN ou Fox ou quoi que ce soit.
On voit plusieurs éléments de la chambre d’écho, là. Il y a un cloisonnement épistémique, un cloisonnement de la connaissance, soit par le dogmatisme, le sectarisme des médias chrétiens ou conservateurs, les écoles privées, les home schools, les écoles à la maison, les activités sociales. Il n’y a pas de mauvaises choses là-dedans, mais c’est que ça manque un contact avec les non-croyants. Il y a une création ou une amplification des stéréotypes des non-croyants. On parle de l’agenda gai, des fois, ou des choses comme ça. Il y a beaucoup d’anxiété politique et sociale qui va nourrir cette mentalité de siège. Puis ça a apporté, moi je pense, dans les dernières années, mais surtout depuis les années 80, la droite religieuse aux États-Unis, de vouloir contrôler le pouvoir à tout prix. Puis, des fois, quand quelqu’un comme Reagan ou un Bush se dit chrétien, ils les suivent. Mais qu’est ce qu’on fait avec un gars comme Trump? Il dit qu’il est pour les chrétiens, mais il ne les représente pas vraiment dans son comportement. Ou sinon la culture, la communauté va se cloisonner davantage sur elle-même, soit dans son état ou dans sa ville ou dans son assemblée locale. Ce qui est intéressant là-dedans, c’est que cette attitude, ça ronge l’espoir chrétien. Ça ronge l’histoire d’un royaume de Dieu, d’un Jésus-Christ à revenir, la confiance dans la Providence divine. Toutes ces choses-là que l’Évangile devrait nous conférer. Il y a d’autres exemples, mais je vais les dire très rapidement.
Les idéologies politiques, surtout les partis politiques ou les groupes radicaux, les marxistes, libertarianisme, fasciste, nationalisme ethnique, plus ils sont minoritaires, le plus qu’ils sont étanches et radicaux, le moins qu’elles tolèrent la diversité d’opinion. Puis moi, j’ai vu ça beaucoup parce que c’est ce que j’étudie, les idéologies complotistes, que ce soit le QAnon, le 11 septembre, les vaccins Covid, on voit ça un peu partout dans les communautés qui prônent des théories de complot. Cela fait qu’en situation de crise sociale et d’incertitude comme une pandémie, ça donne naissance à beaucoup de rumeurs. Il y a de l’incertitude, alors on crée des histoires qui semblent aller avec nos croyances. On les partage avec des gens qui nous ressemblent, dans des endroits clos, en ligne, dans nos assemblées ou quoi que ce soit. Et puis, ce qui arrive, c’est qu’on fait de moins en moins confiance aux gens qui ont de l’expertise. On fait de plus en plus confiance aux gens qui nous ressemblent ou qui parlent et qui croient comme nous. Je vois que j’ai juste quelques minutes qui me restent. Alors rapidement, je veux juste mentionner quelques mécanismes qu’on retrouve qui contribuent à la polarisation des groupes. Dans une chambre d’écho, on a tendance à mettre la vérité existentielle avant la vérité objective. C’est à dire, on veut une histoire qui va renforcer notre croyance que notre vie a du sens. On est sur le bon chemin. On est les bons dans l’histoire, puis les méchants, ce sont les gens qui sont en désaccord avec nous.
Dans la chambre d’écho, on a aussi tendance à primer la confiance plus que l’expertise. Alors, on cherche des gens, encore une fois, qui vont répéter ce qu’on croit ou qui nous ressemblent. Et finalement, quelque chose de très important, l’effet de cascade. C’est-à-dire que dans un groupe qui est très homogène, où il y a des sentiments de victimisation, les militants vont afficher un excès de confiance. Puis les modérés, eux, vont soit se taire ou se rallier aux militants parce qu’ils disent « qu’est ce que je sais? » ou à cause qu’ils ont peur de perdre la face, comme on dit. Ils ont peur de leur réputation. Soit qu’ils s’en vont où ils se rallient au groupe. Alors, un groupe très homogène a tendance à se radicaliser plus qu’un groupe ou il y a différentes tendances idéologiques. Alors, quels sont les défis de la chambre d’écho? Le premier, c’est la désinformation. La désinformation se fait partager plus rapidement que la vraie information, parce que souvent, la désinformation elle est faite pour provoquer, pour choquer. Puis elle est souvent plus simple, plus facile à comprendre. Et la désinformation politique en particulier, parce qu’elle cause l’indignation. Alors, on va retweeter quelque chose qui nous choque. Je pense que c’est Charles qui en parlait hier. Mais on ne va pas nécessairement retweeter quelque chose d’anodin. L’indignation aussi va brimer notre réflexion calme ou notre habilité de penser de façon critique.
Je vais finir avec trois mythes, trois distorsions cognitives qu’on peut dire, qui sont simplistes et nocives dans les chambres d’écho. Le premier, c’est le mythe de la fragilité. C’est de croire que si on entend un discours qui va à l’encontre du nôtre, ça va nous blesser, ça va nous enlever notre foi, ça va nous brimer dans notre identité ou dans notre confiance. On utilise le mot souvent sécurité aujourd’hui ou safety. La peur d’entendre des opinions qui sont divergentes. Le mythe du raisonnement émotif. Croire que mes émotions représentent la situation réelle, plutôt que de dire que mes émotions sont plutôt une réflexion de ma réaction, mais pas nécessairement de ce qui se passe pour de vrai. Puis le dernier mythe, ce serait le mythe du dualisme pathologique, le « us versus them », la croyance qu’il y a juste des bons et des méchants dans le monde, que c’est une guerre à n’en plus finir entre notre opinion et celle des autres.
Alors, je vais arrêter là. Si vous voulez en savoir plus sur moi, j’ai une page web, j’ai un bouquin qui va aller en vente au printemps prochain. Je vais mettre des feuillets si ça vous intéresse. C’est sur l’assassinat de Kennedy, mais sur les théories de complot et les mythes qui ont été propagés par les gens qui, peut-être, s’imaginent que Kennedy c’était quelqu’un d’autre que ce qu’on veut penser, ou ce qu’on nous dit dans les livres d’histoire. Merci beaucoup. Je vous souhaite une bonne conférence.
Michel est auteur du livre Thinking Critically About the Kennedy Assassination, qui est présentement disponible en prévente pour une parution en mars 2022. Dans cet ouvrage il emploie les outils d’analyse philosophique et de recherche historique afin de mettre en lumière les multiples mythes et théories du complot ayant pour objet l’assassinat du président Kennedy, et pour dresser un bilan des causes et des conséquences de la pensée complotiste. À lire pour tout individu cherchant à approfondir leur compréhension de ce phénomène complexe et combien actuel.

Michel Gagné
Michel Gagné est marié et père de deux enfants. Chrétien engagé de longue date, il est enseignant au Cégep Champlain, campus Saint-Lambert. Il enseigne des cours de pensée critique sur les théories du complot et sur les croyances religieuses, la philosophie politique, la littérature et la philosophie utopique et l'éthique des sciences et des sciences humaines. Il détient une maîtrise en histoire, un baccalauréat en éducation avec concentration en histoire et enseignement du français et un bac ès arts avec double spécialisation en histoire et science politique. Michel est animateur, auteur, et cocréateur du podcast Paranoid Planet, une émission qui étudie les opinions populaires et d’experts sur les théories du complot et les croyances apparentées.
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