Dans un article récent, j’ai défini la pénitence comme étant « la pratique de mesures intentionnellement choisies pour combattre nos péchés personnels ». Pour aligner mon comportement avec cette définition, je dois donc prendre conscience de ma condition réelle, des péchés qui me font trébucher et des faux raisonnements qui me font dévier du chemin qui mène à ma croissance. Pourtant, bien que cela fut mon un de mes objectifs pour le carême, je n’ai pas su me conscientiser de mon propre besoin le plus profond avant aujourd’hui. Je me rends compte que prendre conscience de mon besoin n’est pas chose facile. Et demander de l’aide l’est encore moins.
Prendre conscience de notre besoin n’est pas chose facile. Et demander de l’aide l’est encore moins.
Nous ne voulons pas creuser dans les profondeurs sombres de nos âmes pour voir ce qui s’y trouve. C’est seulement lorsque les choses ne vont pas bien que nous sommes prêts (et souvent à reculons) à considérer ce que nous avons besoin de laisser de côté (ou d’entreprendre) pour devenir la personne que nous sommes appelés à devenir. Connaissez-vous des gens ayant consulté un psychologue ou un coach de vie quand tout allait bien? Pourtant, les racines des problèmes étaient déjà là bien avant l’arrivée des difficultés.
Lorsque les choses vont tellement mal que nous sommes enfin prêts à nous arrêter pour regarder ce qui ne va pas à l’intérieur de nous, nous réalisons que Dieu y était déjà et qu’il nous y attendait depuis longtemps. Nous appelons cette convergence de notre regard avec celui de Dieu, une grâce. Dieu sait ce dont nous avons besoin et il est désireux de nous l’accorder. C’est nous qui ne sommes souvent pas prêts à le reconnaître et à le recevoir.
Lorsque les choses vont tellement mal que nous sommes enfin prêts à nous arrêter pour regarder ce qui ne va pas à l’intérieur de nous, nous réalisons que Dieu y était déjà.
« Tout concorde au bien de celui ou celle qui aime Dieu. » Verset bien connu de Paul, auteur et missionnaire au premier siècle. Nous aimons ce verset parce que nous l’interprétons mal. Nous en retirons généralement le sens suivant : « Tout va bien aller parce que j’aime Dieu! » Mais ce que ce verset dit, en réalité, c’est que peu importe à quel point les choses peuvent aller mal et que nous pouvons souffrir dans cette vie, la conclusion finale sera que ces choses vont contribuer à notre croissance.
Petite nuance exégétique, grandes implications pratiques! Il s’agit de penser à l’histoire de Paul lui-même pour voir que ce verset n’est pas un talisman contre la souffrance ou les difficultés. Naufragé, emprisonné, fouetté, rejeté, embarrassé par le manque d’unité et les innombrables péchés dans les églises qu’il a fondées… il y a goûté. Et pourtant, toutes ces choses ont concordé à son bien, à sa maturité et à sa formation pour devenir l’apôtre tant respecté. Jusqu’au jour où il fut exécuté.
Je ne peux m’attendre à un parcours toujours ensoleillé et un chemin sans danger. Sans les obstacles et les difficultés, je n’arriverai jamais à la maturité.
J’espère ne jamais avoir à subir les souffrances de l’apôtre Paul. Je ne vous le souhaite pas non plus. Mais je veux devenir une personne qui ressemble à Jésus. Je veux refléter ne serait-ce qu’une petite partie de la joie, de la sagesse et de la persévérance que Paul a démontrées en dépit des difficultés jonchant son chemin. Pour cela, je ne peux m’attendre à un parcours toujours ensoleillé et un chemin sans danger. Sans les obstacles et les difficultés, je n’arriverai jamais à la maturité.
Et je n’expérimenterai pas les grâces que Dieu veut m’accorder.
Quelle est donc la pratique spirituelle sur laquelle je me concentre en ce moment? Quelle est la pénitence qui me permettra de délaisser mon péché et de m’accrocher encore plus fermement à Dieu et à sa volonté?
À partir d’aujourd’hui, je confesse que je ne peux pas tout faire. J’ai besoin des autres, de leur aide, de leur sagesse, de leur écoute, de leur patience… Je dois inclure les autres dans ma vie, ne plus faire semblant d’avoir toutes les réponses et ne plus chercher à me montrer fort là où je ne le suis pas.
Comment ça se pratique concrètement? Je demande de l’aide. Je me suis souvent plaint du fait que je n’avais pas de « mentor » à un certain moment de ma vie. Mais je me rends maintenant compte que c’était le cas pour la simple et bonne raison que je n’avais jamais demandée à personne de l’être. En date d’aujourd’hui, j’ai demandé de l’aide à trois personnes différentes pour des tâches et des décisions qui sont trop difficiles pour moi. Je ne crois plus le mensonge que je dois porter ces fardeaux seul.
Je délaisse certaines activités. Je me suis surpris, dernièrement, à me dire en moi-même qu’il était temps que je reçoive la reconnaissance qui m’est due pour mes dons et ma contribution au Royaume de Dieu. En raison de cette attitude, perverse je l’avoue, je me suis permis d’accepter des rôles qui ne correspondent pas à ce à quoi Dieu m’appelle dans cette période de ma vie. Je ne me serais jamais rendu compte de cette dissonance intérieure sans la grâce que Dieu m’a accordée à travers l’anxiété et l’insomnie qui m’affligent régulièrement. Maintenant que j’ai pris conscience de ce péché insidieux et caché, je peux délaisser mon orgueil et retourner à la simple obéissance à Dieu, même si cela veut dire oeuvrer dans l’anonymat.
J’entreprends ce qui est bon pour moi. Oui, vous avez bien lu. Je fais ce qui est bon pour moi. Dieu ne nous appelle pas à la pénitence dans le but de nous faire souffrir. La souffrance que nous pouvons expérimenter à travers le renoncement de certaines pratiques et « idoles » est simplement le processus naturel que subit l’âme lorsqu’on opère sur celui-ci. Mais la chirurgie de notre âme donne ensuite lieu à l’expression du véritable soi, l’image de Dieu reflété à travers les caractéristiques uniques de notre personnalité. Dans mon cas, il s’agit de créer des occasions pour permettre aux gens de rencontrer Dieu et de grandir dans leur connaissance et leur expérience de sa personne. Je fais cela principalement à travers la rédaction, la musique et l’accompagnement spirituel.
Je souhaite qu’à travers ma confession, vous ayez pu saisir un aperçu de la vie un peu plus libre à laquelle vous êtes invités. Les grâces de Dieu nous attendent toujours aux endroits dans nos vies en besoin de pénitence. Comme les saisons qui ne manquent jamais de s’ensuivre, Dieu nous appelle régulièrement à reconnaître les endroits dans nos vies où il désire travailler. C’est pour cette raison que le carême revient toutes les années. Nous avons toujours plus de pénitence à faire, plus de santé à retrouver, plus de Jésus à refléter.

Jeremy Favreau
Jeremy est le directeur de Convergence Québec. Il vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois jeunes garçons.
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