En introduction au congrès, Jeremy Favreau invite les participants à se munir de grâce, d'humilité et de discernement pour une journée riche en perspectives susceptibles d'ébranler les idées reçues de chacun.
Bonjour tout le monde! C’est vraiment un plaisir pour moi de vous accueillir ce matin. Excusez-moi si je vous ai surpris après ce moment de contemplation avec un peu de « brusquesse »! Mais c’est vraiment une joie pour moi… Mon nom, c’est Jeremy. J’ai la chance d’être l’un des organisateurs du congrès, puis, ce matin, je veux juste vous adresser quelques paroles pour mettre en contexte un peu cette journée, alors qu’on se lance dans vraiment quelque chose de plus que juste de l’apprentissage, mais une occasion de rencontre, une occasion pour être étiré. Une occasion pour laisser Dieu nous parler, nous transformer, on l’espère. Vous l’avez déjà vu, il y a une énorme diversité ici ce matin. Si vous pensez que vous allez entendre des choses qui peut-être… je ne suis pas sûr que ça cadre avec mon expérience, avec ce que je connais… je peux vous assurer que ça va être le cas et je vous invite à savoir que c’est correct, que vous ne soyez pas d’accord avec tout, que vous ne comprenez pas tout. Sachez que ça fait partie de l’expérience. Mais je vous invite à garder juste une ouverture envers Dieu. Et sachez que Dieu qui agit en tout et en tous avant même que nous, on se présente sur les lieux, Dieu, qui agit et qui est, il est capable de nous diriger dans la vérité. Puis il va être avec nous. Donc. Ce matin, on a une journée pleine devant nous. J’ai vraiment confiance que vous allez partir d’ici inspirés et déterminés à vivre votre foi de manière encore plus passionnée au service du bien commun.
Les idées sont vraiment importantes. Des idées, on a commencé déjà hier soir avec le Pub socratique à les aborder, à vraiment essayer de creuser pour comprendre qu’est-ce qui est, d’où ça vient la polarisation? Qu’est-ce qui se passe dans notre culture en ce moment? Etc. On va en entendre beaucoup aujourd’hui des idées. C’est pour ça qu’on a invité plusieurs experts à venir nous parler à partir de leur expertise, de leurs perspectives, de toutes sortes de sujets.
Mais on a aussi invité toutes sortes de gens, des gens comme vous et moi, qui sont des gens qui cheminent avec Dieu et qui, à travers leurs expériences, ont l’occasion de nous faire voir des choses selon des angles, avec des nuances que sûrement, on n’a pas eu la chance de percevoir avant. Ça c’est une des raisons pourquoi la diversité est vraiment mise de l’avant en cette journée, à cause qu’il n’y a personne d’entre nous qui est capable de voir, de comprendre tout ce que nos voisins, eux, peuvent comprendre dans leurs expériences qui leur sont personnelles à eux. Puis, on veut profiter de ce moment-là parce que Dieu nous unit à quelque part. Puis si on est capable d’être uni, on est capable d’en profiter d’une façon vraiment spéciale.
Nous croyons que c’est à l’intersection de la connaissance et de l’expérience que se trouve le meilleur potentiel de croissance. C’est une conviction à la base de Convergence Québec, et c’est ce croisement-là que nous cherchons à favoriser aujourd’hui. Cela s’aperçoit même dans la façon que le congrès prend place. Tout d’abord dans le format. Il n’y a personne aujourd’hui qui va prendre la parole pour très longtemps. Il n’y a personne qui va venir faire une prédication d’une heure et 10 minutes; ça n’arrivera pas. Pas moins de vingt-cinq personnes vont venir, par contre, partager sur le stage. Eh bien qu’on diffuse toutes les interventions à partir de Montréal, de ce lieu ici, nous sommes rassemblés dans six régions à travers le Québec et il y a des gens qui nous rejoignent d’autres endroits à travers le Canada virtuellement. C’est intentionnel, ce n’est pas juste à cause de la pandémie qu’on fait le format en multiples rencontres, bien que ce soit un seul congrès. Ça fait partie du fait que le congrès Convergence n’est pas juste une occasion pour apprendre, mais aussi pour collaborer. L’objectif, c’est qu’on puisse tisser des relations avec des gens qui aiment Jésus et qui désirent servir Dieu et le bien commun dans une même région pour qu’on puisse mettre nos forces ensemble, pour voir le royaume de Dieu grandir, pour qu’on puisse tous être édifiés mutuellement par ce croisement, justement.
Chaque rassemblement est donc une petite représentation du corps de Christ de cette région. On espère que dans les années à venir, il va y avoir plus de régions et plus de diversité et plus de gens qui vont pouvoir se rencontrer. Ce qui nous amène au sujet: la dépolarisation. Dieu nous a créé tout un chacun des êtres très complexes. Il veut notre épanouissement autant au niveau intellectuel, émotionnel, matériel et spirituel. Puis, il nous a aussi créé des êtres interdépendants, comme on voit dans la famille, les amitiés, les églises qui sont de très bons exemples, bien que ce soit souvent très difficile de bien les gérer, les vivre aussi bien qu’on aimerait. C’est pour ça qu’on cherche dans ce que nous faisons à favoriser autant la santé globale des individus que de la société. Sans qu’on s’en rende toujours compte, on vit aujourd’hui comme si on fait tout notre possible pour être aussi indépendant et atomisé que possible. La philosophie qui sous-tend la vie moderne nous pousse à chercher notre propre épanouissement sans avoir recours à l’aide de quiconque. Puis, les églises ne sont pas épargnées de cette réalité-là non plus. Bien que l’Église soit une collectivité divinement établie qui propose une alternative à la ségrégation sociale, nous choisissons bien souvent de regarder avec méfiance ceux qui ne croient ou n’agissent pas exactement comme nous. Pourtant, l’image que Dieu nous donne de l’Église est celle d’un corps qui est composée de diverses parties, mais qui sont en même temps dépendantes les unes des autres.
Par sa nature, le corps ne peut que souffrir lorsqu’on coupe un de ses membres. L’église est loin d’être la seule collectivité qui propose une alternative à l’hyperindépendance des temps modernes. Mais si Dieu, dans sa grande sagesse, a fait de nous un Corps qui, par son propre Esprit et établit dans son amour, un amour qui se déverse et se donne selon son propre exemple, n’avons-nous pas quelque chose d’incomparablement riche à offrir à notre monde? Le fait qu’on soit ici aujourd’hui, ce n’est pas quelque chose de négligeable. Parce qu’à travers son Église, Dieu veut faire des choses qui sont incomparables. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons mettre les bases d’une nouvelle façon d’être humain et ce n’est pas notre but. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas nécessaire non plus parce qu’on sait qu’en Jésus, dans sa naissance, dans ce bébé, le ciel et la terre ont été unis. Dans son sacrifice, il a rendu possible la réconciliation avec Dieu et aussi la réconciliation entre tous les êtres humains. Les individus qui sont unis à Christ et réunis en son corps, l’Église, sont cette nouvelle façon d’être humain. Jésus est celui en qui Dieu a voulu tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui sur la terre que ce qu’il est dans le ciel en faisant la paix, le shalom à travers lui par son sang versé sur la croix.
Ce n’est rien de moins que notre espérance en Jésus et son oeuvre qui nous donne l’audace d’essayer encore une fois aujourd’hui de chercher l’unité. Sans ça, ça serait peut-être… ça ne vaudrait pas la peine qu’on s’essaye. Mais on ne cherche pas l’unité comme une fin en soi, mais bien comme un moyen de mettre nos différentes perspectives au service du bien commun. Nos divergences théologiques et pratiques ne doivent pas être toutes réglées pour qu’on soit en mesure de nous respecter et de nous aimer, ni pour donner et recevoir des forces de chacune de nos traditions. C’est pour ça que je veux remercier chacun d’entre vous aujourd’hui pour votre courage. Ça prend du courage pour participer à un événement qui vous exposera potentiellement à des idées avec lesquelles vous ne serez pas d’accord. Vous allez sûrement entendre des choses aujourd’hui que vous n’entendriez pas dans les milieux d’où vous venez. Je vous invite à user de discernement, mais aussi à garder votre esprit ouvert. Je veux aussi vous remercier de votre humilité. Ça prend de l’humilité d’admettre que nous n’avons pas toutes les réponses et de croire que Dieu peut se servir d’une personne hors de notre cercle pour nous enseigner ou pour nous apporter de l’aide. Des représentants de plus d’une dizaine de familles d’Églises prendront la parole aujourd’hui, et une diversité encore plus grande que ça se trouve parmi nos participants.
Dépasser nos craintes et rabaisser notre orgueil pour entendre l’autre est un grand pas de foi et d’obéissance. Je vous invite, je nous invite tous à la patience, à la grâce et à l’amour. Nous sommes un corps et ce corps n’est pas en parfaite santé. Avouons-le. Ce n’est pas parce que nous sommes tous fils et filles d’un seul Père que nous n’aurons pas des désaccords. Mais en commençant cette journée, il nous faut répondre à la question suivante: est-ce normal, en tant que Corps de Christ, de préférer nous couper les uns des autres, plutôt que de chercher ensemble notre santé commune? Encore une fois, ce n’est pas aujourd’hui que nous allons guérir toutes les blessures, réparer tous les schismes dans le christianisme; ce n’est pas notre but. Notre objectif est beaucoup plus atteignable. Dans les heures qui viennent, soyons attentifs les uns aux autres et surtout à l’Esprit de Dieu pour entendre ce qu’il a à nous dire. Peu importe la bouche à travers laquelle il choisit de nous parler. Apprenons comment vivre notre foi, non en dépit de ce monde, mais parce que Dieu peut et veut agir à travers nous pour la restaurer. Et profitons de ces moments pour faire des rencontres qui mettront la joie au cœur de Dieu, et qui pourront même, par sa grâce, mener à des collaborations qui feront connaître son salut à nos villes et à nos voisins. Merci d’être ici et bon congrès.

Jeremy Favreau
Jeremy est le directeur de Convergence Québec. Il vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois jeunes garçons.
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