Célébrer l’avent, c’est choisir de vivre dans le monde réel
J’ai découvert le calendrier de l’église chrétienne il y a quelques années. Ce calendrier, aussi connu sous le nom de calendrier liturgique, est beaucoup plus qu’une répartition des jours de l’année avec le nom d’un saint inscrit dans chaque case. Il s’agit d’un outil de résistance à la déshumanisation constante que subissent nos âmes, sujettes aux pressions internes et externes d’une société de consommation.
Le calendrier de l’église chrétienne est contre-culturel puisqu’il nous déloge de notre routine irréfléchie pour nous replacer dans un univers où la réalité se base sur ce que Dieu a fait et continue de faire dans le monde. Alors que nous vivons comme si notre seul but était d’être des consommateurs (ce que nous faisons sans nous en rendre compte), le calendrier chrétien souligne notre valeur en tant qu’êtres humains créés à l’image de Dieu dont le but ultime est de le connaître et de le glorifier.
Le calendrier chrétien souligne notre valeur en tant qu’êtres humains créés à l’image de Dieu dont le but ultime est de le connaître et de le glorifier.
Ce contraste est particulièrement visible pendant la période des fêtes. Au lieu de célébrer les occasions spéciales de consommer ou d’économiser (le Vendredi fou, le Cyberlundi, les soldes d’après Noël…), nous célébrons l’intervention divine pour le salut du monde. Le calendrier chrétien nous place en périphérie de Dieu qui est au centre. Cela nous pousse à remettre en question nos priorités et nos préoccupations et nous place devant un choix entre le monde visible et le monde spirituel.
Le monde réel
La foi ne peut pas être reléguée à la sphère privée, car cela va à l’encontre de sa raison d’être. La foi n’est pas une liste de croyances et de doctrines ni une substance dont disposent seulement les superhéros chrétiens faiseurs de miracles. La foi, c’est d’avoir le coeur transformé et les yeux guéris à travers notre expérience de Dieu et notre engagement envers lui. Elle nous donne accès au monde spirituel, l’essence de tout ce qui est fondamentalement vrai. Elle n’influence pas seulement les sentiments intérieurs de l’individu ou sa destination post-mortem. Elle transforme sa façon de voir le monde et le rôle qu’il peut maintenant jouer à l’intérieur de celui-ci.
La foi, c’est d’avoir le coeur transformé et les yeux guéris à travers notre expérience de Dieu et notre engagement envers lui.
Lorsqu’on posa la question à Jésus « …que devons-nous faire pour accomplir les œuvres que Dieu attend de nous? », il répondit : « …que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »[1] En donnant cette réponse, Jésus enseignait à ses disciples la seule chose qui importait maintenant qu’il était arrivé sur scène. Dans la même veine, il demanda à ses disciples : « Qui dites-vous que je suis? »[2] Leur réponse à cette question allait marquer le moment de non-retour dans leur cheminement avec Jésus. Connaître Jésus pour qui il est vraiment change notre façon de vivre, car rien n’est pareil depuis sa venue.
Le Messie
« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »[3] C’est ainsi que Pierre répondit à la question décisive de Jésus quant à son identité. Sans doute que Pierre comprenait le sérieux de sa réponse. La grande majorité des disciples des récents « messies » juifs avaient fini par être humiliés, sinon cloués à une croix. Mais il ne saisissait pas à quel point cette déclaration de foi allait bouleverser sa vie entière et même changer la face du monde.
Le Messie, dans l’entendement juif du premier siècle, c’était le roi promis de la descendance de David, l’oint de Dieu qui apparaîtrait au moment choisi par lui pour rendre au peuple juif son héritage. C’était un personnage très évocateur dont le peuple juif débattait les maintes références tirées de la loi et des prophètes. Certains groupes percevaient le Messie comme un homme politique, d’autres comme un guerrier (souvent les deux ensemble). Mais tous étaient d’accord que le Messie allait être roi. Et un roi, ça déplace de l’air. Un roi ne peut prendre le trône sans déplacer celui qui y est présentement assis.
Le « roi des juifs » de cette période, c’était Hérode. Son père avait essayé de tuer Jésus lorsqu’il était nourrisson à Bethléem et lui-même allait tuer le dernier des prophètes avant Jésus, Jean-Baptiste. Mais ces « petits rois » n’étaient rien du tout comparativement au « roi des rois » de cette ère : César. En se proclamant Messie, tout roi des Juifs s’opposait à ce « seigneur de la terre », l’empereur qui promettait la sécurité et la paix à tous ceux qui n’osaient pas s’opposer à lui. Jésus, par contre, a osé s’opposer à lui.
L’avent : là où le tout commence
Il y a tellement à dire lorsqu’on examine le contraste entre le Royaume du Messie et le royaume de César (ou le « royaume » de la société actuelle… Combien cet examen nous aiderait à comprendre la sorte de vie à laquelle notre Roi nous appelle! Eh bien, il existe un outil pour nous aider. Le calendrier chrétien est une réorganisation de l’année autour du Royaume de Dieu. Si Jésus est notre Roi, notre Messie, nous avons le privilège, mais aussi la responsabilité de vivre selon le royaume qu’il a inauguré à travers sa vie, sa mort et sa résurrection. Et l’avent, c’est le meilleur temps de l’année pour permettre à la réalité spirituelle du Royaume de Dieu de prendre sa place au centre de notre vie.
Dans le calendrier chrétien, l’année commence par l’avent, le quatrième dimanche avant Noël, soit le 2 décembre en 2018. L’année se termine par le dimanche du Christ-Roi à la fin novembre l’année suivante. Entretemps, nous retrouvons les temps de l’épiphanie, du carême et de la Pentecôte ainsi que la période de « temps ordinaire » où nous sommes conviés à célébrer la présence de Dieu dans toutes les petites choses de la vie.
Le temps de l’avent est particulièrement important, selon moi, car nous avons tant besoin de paix et de sérénité pendant cette période fort occupée de l’année. Les anges annonçant la naissance de Jésus criaient « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime! »[4] Et pourtant, mon âme est bien plus souvent un amas de stress et de préoccupations concernant des choses de moindre importance : les cadeaux, les partys, les soldes de fin d’année… tandis que les semaines précédant Noël sont l’occasion de méditer sur le mystère de la venue de Dieu parmi nous!
Célébrer l’avent, c’est faire un choix clair par rapport à ce que nous pensons être non seulement plus important, mais aussi plus réel.
Célébrer l’avent, c’est faire un choix clair par rapport à ce que nous pensons être non seulement plus important, mais aussi plus réel. Christ le Roi est venu dans ce monde, prenant la forme et la substance d’un être humain en la personne du bébé Jésus. Sa naissance a permis que grandisse en chair d’homme le Roi qui allait secourir le monde entier du péché et établir un Royaume éternel de justice et d’équité.
Prendre le temps de reconnaître le profond mystère de l’incarnation pendant l’avent, c’est de vivre intégralement dans le Royaume auquel nous déclarons appartenir. C’est aussi de préparer nos coeurs pour accueillir le Christ, autant en souvenir de sa première venue qu’en signe d’espérance en son retour.
C’est pourquoi, cette année, je vous invite à préparer votre coeur à la venue de Jésus. Je vous invite à prendre quelques moments chaque jour pour méditer sur un passage qui explore le pourquoi de sa venue et le sens réel de Noël. J’espère vous retrouver au pied du berceau en adoration devant le mystère de la grâce divine, né il y a plus de 2000 ans en Palestine et qui un jour reviendra pour établir parfaitement son Royaume sans fin.
Une manière de préparer votre coeur à sa venue pendant l’avent est de lire la série de méditations bibliques Pendant l’avent, préparez votre coeur à Sa venue! dans l’application de la Bible YouVersion.
Pour télécharger l’application sur votre téléphone, faites une recherche pour « YouVersion » dans le magasin d’applications de votre appareil.
Image Heidi Sandstrom.

Jeremy Favreau
Jeremy est le directeur de Convergence Québec. Il vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois jeunes garçons.
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