Au lieu de fuir encore une fois

Leur réponse m’a surprise.

Je venais de rencontrer ces gars. J’avais remarqué leur accent, alors par curiosité, je leur ai demandé d’où ils venaient. Je pensais leur avoir posé une question banale, mais la conversation a pris une tournure plus personnelle.

En réponse à ma question, ils se sont mis à me raconter l’histoire de leur famille et de leurs nombreux déménagements. J’écoutais, curieuse, quand l’un d’eux m’a surprise en affirmant « qu’il était plus facile de fuir que de rester ».

Je connaissais bien ce sentiment : le désir de partir et de tout recommencer. Il est plus facile de commencer quelque chose que de le terminer.

C’est à ce moment-là qu’il a eu toute mon attention. Je connaissais bien ce sentiment : le désir de partir et de tout recommencer. Il est plus facile de commencer quelque chose que de le terminer.

C’est à la fois l’idée de partir physiquement, mais aussi mentalement. Un lien mystérieux relie les dimensions de l’espace physique et celles de l’espace mental. C’est comme si l’on pouvait se libérer de nos problèmes, nos pensées et nos peines en allant voir ailleurs…

Inconfortablement près

Ce sentiment est encore plus présent maintenant que je me retrouve confinée dans mon appartement. Je voudrais être n’importe où sauf chez moi. Et je ne suis pas seule. On le voit dans ces gens qui ne sortent jamais d’ordinaire et qui ressentent maintenant le besoin urgent de faire un tour d’auto et de se promener dans les parcs. Même si la vie revient graduellement à la normale, nous n’avons toujours pas le contrôle absolu sur nos mouvements. Mais en restant chez nous, nous sommes placés inconfortablement près de la voix de notre conscience.

Comme plusieurs, je pensais qu’avec le confinement je passerais plus de temps à prier. Pourtant, alors que j’ai maintenant plus de temps pour être dans la présence de Dieu, j’ai de moins en moins envie de rester en silence. Non seulement je n’en ai pas le goût, mais je me trouve constamment distraite. Et lorsque j’arrive enfin à trouver un peu de silence, je suis submergée par mes émotions.

Puisqu’on ne peut plus sortir physiquement, on fuit mentalement. On s’évade à travers différents divertissements ou le travail. Du moment que cela nous permet d’échapper à nos pensées. C’est pourquoi il est plus important que jamais de rester : rester chez soi pour protéger les personnes les plus vulnérables et aussi rester en silence dans la présence de Dieu.

Voir plus clair

Connaitre Dieu est possible. Nous pouvons découvrir Dieu à travers la nature. Nous avons aussi la Bible qui nous peint un portrait plus complet de Dieu. On peut étudier la théologie, écouter l’enseignement d’un pasteur, etc. Ce sont toutes des façons que Dieu utilise pour nous parler de lui. Mais combien de fois est-ce que je m’arrête pour parler de moi à Dieu? Honnêtement, pas très souvent.

Ce sont toutes des façons que Dieu utilise pour nous parler de lui. Mais combien de fois est-ce que je m’arrête pour parler de moi à Dieu? Honnêtement, pas très souvent.

Le père Mike Schmitz explique que Dieu utilise le silence à la fois pour se révéler à nous et pour nous révéler à nous-mêmes.[1] Même si c’est difficile, quand j’invite Dieu dans mon confinement et que je le laisse accéder au plus profond de mes pensées, je vois plus clair. Je réalise que certaines choses ne méritent pas que je m’inquiète autant, je trouve finalement une solution au problème qui m’a dérangée et je trouve la force de rétablir des relations brisées.

Rester en place assez longtemps pour écouter Dieu dans le silence de mon âme a aussi un impact sur les choses plus banales dans ma vie. C’est peut-être juste moi, mais je remarque une corrélation entre le désordre de ma chambre et le désordre de mes pensées. Même si je suis une personne créative et que j’aime m’étaler pour mieux travailler, je dois penser à faire le ménage régulièrement. Ordonner mon environnement physique m’aide à ordonner mon esprit.

La pratique


Faire de la place pour Dieu dans sa vie

Je t’invite à faire de la place pour Dieu dans ta vie et à y mettre de l’ordre de l’extérieur vers l’intérieur. Commence par faire le ménage de ton environnement physique. En te trouvant dans un endroit agréable, il est plus facile d’apprécier le silence et tu évites de te laisser distraire par les objets qui trainent. Ce faisant, tu refuses de « fuir » ce qui est et tu en prends la responsabilité. Ensuite, tu peux chercher la paix et la sérénité intérieure à travers le silence.

Si tu as de la difficulté à rester en silence, laisse-moi te proposer un exercice que j’apprécie quand je suis anxieuse. Je m’installe avec un petit carnet et un crayon et j’essaie de penser à Dieu. Je ne cherche pas à balayer du revers de la main ce qu’il y a dans mes pensées. Au contraire, je veux découvrir ce qui m’empêche de penser à Dieu. Et chaque fois que j’ai une pensée qui n’est pas « Dieu » ou qui ne vient pas de lui, je l’écris. Je continue jusqu’à ce que j’aie fait de la place pour entendre Dieu. Et puis, s’il me reste du temps, je parle à Dieu des choses que j’ai écrites dans mon carnet.

C’est ce que j’aurais voulu dire aux deux frères. J’aurais voulu leur partager mon histoire et les inviter à faire eux aussi cette pratique qui m’aide à trouver la paix en Dieu au lieu de fuir. J’ai moi aussi déménagé souvent et je ne le regrette pas. Ça fait partie de mon histoire et, chaque fois, j’ai eu l’occasion de grandir dans ma foi. Mais dans cette saison, je choisis de rester, de déballer mes boites, de m’installer et de trouver Dieu ici.


Image de Patrick Miyaoka

      1. The value of silence: https://www.youtube.com/watch?v=-hHjdLtNOwg

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