Créé à l’image de Dieu et pécheur

En tant que disciple de Jésus-Christ et en tant qu’église, nous aurons toujours à jongler avec le fait que nous avons tous été créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance, et que nous continuons aussi de pécher, de manquer le but.

Nous devons être capables de voir et de nous réjouir du beau dans la vie : chez les gens, dans les accomplissements et les avancements humains, et ce, même chez les non-croyants. Nous devons faire ceci tout en étant réalistes par rapport au mal, même celui qui réside dans nos propres cœurs. Nous sommes appelés à vivre de façon pleinement humaine, conscients des choses merveilleuses en nous, mais également conscients de nos fautes, de nos faiblesses et de nos motifs et actions qui sont un mélange des deux.

Nos bonnes relations versus nos relations dysfonctionnelles

Le plus grand défi sur cette terre est sûrement celui des relations que nous avons avec les autres. Que ce soit au niveau familial, des amitiés, avec nos collègues de travail, dans l’église et entre groupes culturels et raciaux, combien de relations malsaines, brisées et dysfonctionnelles continuons- nous de vivre et même d’alimenter! Mais en tant que chrétiens, nous avons reçu le mandat et le ministère de la réconciliation. « Tout cela vient de Dieu. Il nous a réconciliés avec lui par le Christ et il nous a demandé d’annoncer cette réconciliation. » (2 Cor. 5.18 P.D.V.)

L’amour des autres

Le plus grand « outil » ou « technique » d’évangélisation est cité par Jésus dans Jean 13.35 (LS) : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » J’ajouterais aussi, un véritable amour pour les gens qui nous entourent et pour la ville ou village où il nous a implantés. Personne n’est contre l’idée de s’aimer les uns les autres, même les non-croyants. Par contre, nous avons tous, sans exception, une idée incomplète ou biaisée de l’amour. Nous avons de bonnes intentions, mais nous sommes maladroits dans nos relations. Nous aimons mal.

En plus des fondements bibliques de la foi, je crois que nous devrions mettre un plus grand accent sur le processus de transformation que Dieu opère dans des domaines bien précis de nos vies, en offrant des formations pratiques sur l’amour, la communication et la guérison de notre passé en compagnie de personnes matures qui peuvent servir d’accompagnateurs dans notre cheminement personnel.

Jésus nous demande de faire des disciples. En plus des fondements bibliques de la foi, je crois que nous devrions mettre un plus grand accent sur le processus de transformation que Dieu opère dans des domaines bien précis de nos vies, en offrant des formations pratiques sur l’amour, la communication et la guérison de notre passé en compagnie de personnes matures qui peuvent servir d’accompagnateurs dans notre cheminement personnel. Ces mêmes enseignements peuvent aussi être très utiles à la société en général, lorsque nous les offrons avec humilité et doigté, et dans un langage qui leur est familier.

Pertinence et vérité

Un de mes plus grands rêves et buts est de voir l’Église être pertinente pour notre société; que l’évangile du Royaume de Dieu puisse être traduit à nos contemporains de façon simple, créative, attirante et dynamique. Par contre, je ne veux pas compromettre l’amour de Dieu (« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » Mat. 22.37 LS), ou diluer ce qui est cher à son cœur, pour rendre plus facile et acceptable l’évangile ou pour éviter que les gens ne soient offensés.

Évidemment, il y a une façon de faire qui demande de la diplomatie, du tact et de la sagesse. Et je ne parle même pas du « bon vieil évangile » qui est communiqué de manière étroite, légaliste et froide. Mais l’évangile et l’appel de suivre Jésus-Christ seront toujours source d’offense. Je suis encore dérangé et offensé par certaines choses que Dieu me demande de faire. Même si je sais que Dieu est juste, je suis quand même dérangé par certains de ses principes—même si j’y crois et que j’y adhère. Ce qui est dangereux, c’est quand nous ne sommes plus offensés ou dérangés par l’évangile.

Même si je sais que Dieu est juste, je suis quand même dérangé par certains de ses principes—même si j’y crois et que j’y adhère. Ce qui est dangereux, c’est quand nous ne sommes plus offensés ou dérangés par l’évangile.

Parce que l’église attire de moins en moins de monde, les pasteurs et leaders ont tendance à courir les séminaires de croissance de l’église à la recherche de recettes miracles pour attirer plus de personnes. Je ne suis pas contre des séminaires qui nous aident à améliorer nos églises et à croître, mais j’ai parfois l’impression qu’à cause de notre infécondité en termes de nombre, nous faisons comme Abraham, cherchant des raccourcis par manque d’enfantements spirituels (conversions) en «couchant avec la servante » (Gen. 16.1-2). Ne prenons pas ce raccourci par désespoir et fatigue. N’embrassons pas n’importe quelle technique par souci de remplir nos églises.

Pas facile d’être un disciple

Un jour, alors que Jésus enseignait des vérités difficiles (Jean 6.60, 66-67 LS), certains de ses disciples lui dirent : « Cette parole est dure. Qui peut l’écouter ? […] Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent et ils n’allaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze : et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? »

C’est très intéressant que Jésus, après avoir vu que certains disciples avaient de la difficulté à digérer certaines de ses paroles, n’a pas essayé de les amadouer, de diluer son message et de s’excuser d’être allé trop loin. D’ailleurs, après que certains se soient retirés, il a poussé l’audace jusqu’à faire un « appel » pour voir s’il y en avait d’autres qui voulaient le quitter parce que ses paroles étaient trop dures. Sûrement pas le genre d’appel que nous entendons dans nos églises suite à nos prédications! Même si l’église et ses leaders sont parfois responsables du départ et de l’abandon de plusieurs personnes, le coût de suivre Jésus est aussi un facteur à considérer.

Aimer notre société

Chercher le bien de notre ville ou village (Jér. 29.7) et s’investir à la rendre meilleure, plus belle, plus juste et plus créative, fait partie de notre mandat d’église et de croyants. S’impliquer dans les 8 domaines d’influence (famille, éducation, religion, affaires, arts et loisirs, science et technologie, politique, médias) est une tâche qui ne peut s’accomplir seule, mais avec l’aide de toutes les églises, organismes inter-églises et représentants du monde séculier.

Même si ce que nous désirons voir le plus au monde, c’est des individus se convertir à Jésus-Christ, nos gestes d’amour et notre investissement auprès de la société doivent être inconditionnels. Nous le faisons par amour seulement, un point c’est tout.

Même si ce que nous désirons voir le plus au monde, c’est des individus se convertir à Jésus-Christ, nos gestes d’amour et notre investissement auprès de la société doivent être inconditionnels. Nous le faisons par amour seulement, un point c’est tout. Par contre, nous saisissons les occasions de témoigner aux gens de l’amour de Jésus pour tous les humains et de leur possibilité de mettre leur foi en lui.

Enveloppé de la puissance divine

Tout en étant pleinement et sainement connectés à ce monde, nous sommes porteurs du ciel (du divin) par le St-Esprit qui demeure dans chaque croyant.e. Lorsque nous marchons par l’Esprit et sommes alimentés de sa puissance surnaturelle, nous pouvons, à l’exemple de Jésus, prier pour la guérison des malades, libérer les opprimés spirituels, parler de la part de Dieu aux gens, avoir des révélations divines et voir ceux qui nous entourent être touchés par la puissance surnaturelle de Dieu.

La Bible est remplie d’exemples surnaturels d’un couvert à l’autre. Si nous sommes des gens du LIVRE, nous le sommes en paroles et en actions, mais sans prétention ni exagération. L’équilibre est aussi de mise dans ce domaine très important. Le grand mandat (Marc 16.15-18) inclut la proclamation verbale accompagnée du surnaturel. Cette même marche dans la puissance de l’Esprit nous permettra d’être remplis d’amour pour Dieu et pour la société qui nous entoure. Que la société soit réceptive ou pas, nous continuons de lui offrir cet amour contagieux et pratique qui change progressivement des vies.

Conclusion

Je crois que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir annoncer et vivre un évangile équilibré, sans prétention. En effet, nous devons être honnêtes et authentiques lorsque nous annonçons l’évangile à d’autres, car nous savons que nos communautés de foi sont encore remplies de personnes brisées, dysfonctionnelles, fragiles, et que notre transformation personnelle est beaucoup plus lente que nous le prétendons (les leaders compris).

L’Église de Jésus-Christ existe dans un monde déséquilibré, et elle est en déséquilibre elle aussi. Que ce soit au niveau des positions politiques et philosophiques ou des comportements excessifs de part et d’autre, le monde et l’Église sont remplis d’individus paradoxaux et difficiles à saisir. Bye bye l’homogénéité ! Nous devons apprendre à gérer la diversité dans tout.

Le monde et l’Église sont déstabilisés par les changements climatiques, les incertitudes économiques, et maintenant par une pandémie qui augmente l’anxiété, le stress, l’isolement, la maladie mentale et le manque d’espoir qui étaient déjà bien présents. Nous avons devant nous de beaux défis à relever et nous devons être flexibles face aux changements. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil; chaque génération a dû faire face à des obstacles. Ceux d’aujourd’hui sont simplement différents.

Pour terminer, voici un défi que Dieu lance à l’Église et à notre monde :

« Le Seigneur te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité » (ou « humilité » dans d’autres versions). Michée 6.8 P.D.V.


Image de Charles Deluvio sur Unsplash