Dieu, quel pourrait être mon prochain sujet d’article? Où es-tu à l’œuvre au Québec?

À la Pataterie. 

Je suis sérieuse Seigneur, de quoi est-ce qu’on a besoin de parler au Québec?

De la Pataterie.

Euh, ça m’a pas l’air très spirituel…

Parlons-en.

 

Il semblerait donc que je n’y échappe pas.  On va parler de poutine, la grosse et grasse poutine pour laquelle j’ai appris l’Hommage en grain de Mes Aïeux quand j’étais en exil en Ontario il y a quelques années.  Parce que même si ce n’est pas de la grande gastronomie, c’est le symbole qui réconforte le plus de mes sens: le goût, l’odorat, la vue, le toucher.

Si ‘’Jésus’’ est la – bonne – réponse à toutes les questions d’école du dimanche, il y a un fast-food réputé qui est celle des gens d’Hochelaga. Sur la page facebook du quartier, que l’on demande où on peut acheter les meilleurs sushis ou une recommandation pour une clinique vétérinaire (qui clairement n’a aucun rapport avec du fast-food), on peut s’attendre à ce qu’au moins une personne nous ‘’conseille’’ d’aller à ce restaurant.  Et c’est tout près de cet endroit classique que se trouve mon église.

Ce n’est pas mon endroit de choix pour aller souper mais c’est Jardin qui avait eu l’idée.  Une fois par mois, j’ai décidé que mon groupe d’étude biblique ferait une sortie.  Alors, lorsque j’ai demandé aux participantes de me suggérer des idées d’endroit où on pourrait sortir, et qu’elle a pris l’initiative de proposer d’aller souper à ce monument local, j’ai tout de suite accepté.

 

On était donc là toutes les quatre (tous les noms ont été changé par leur étymologie) :

Jardin;

Lumière;

Naissance;

Et Illustre combattante

Autour de la table, à parler de la vie,  des parents qui vieillissent,  des rêves brisés.

Un bien beau mélange.  Elles ont l’âge de mes parents ou de mes plus jeunes grands-parents. Et je me surprends à passer ma soirée avec elles, ces femmes qu’en d’autres circonstances je ne chercherait pas à côtoyer.

 

Il n’y a rien de saint derrière mon initiative de les rassembler une fois par semaine autour de notre amour commun pour Christ.  C’était plutôt pour garder ma saineté mentale que je me suis transformée en leader.  Les trois me demandaient gentiment de mon attention, mais l’introvertie en moi ne pouvait y répondre de manière satisfaisante individuellement.  Je ne m’attendais pas du tout à recevoir autant de leur part, au point où maintenant on débat sur qui reçoit le plus de qui.

 

Partageant ce repas, je voulais cristalliser ce moment, l’immortaliser à jamais.  Au fil des mois, on a appris à se faire confiance.  Et avec des vies fragiles comme les nôtres, il faut chasser les ombres au plus vite, il n’y a pas de place pour les masques, les ‘’tout va bien’’.  On le sait que tout ne va pas.

 

Dans un élan créatif, je décide d’utiliser l’étymologie de leurs noms pour les décrire.  Parce que c’est poétique.  Parce que je cherche à saisir tout ce que leur présence dans ma vie m’apporte. Et alors que j’écris, je m’arrête à la signification de nos noms et je me dis qu’on était faites pour raconter l’histoire de Christ ensemble.

Dans un fast-food du quartier.  Dans l’endroit le plus banal.  Où l’on peut se demander sincèrement si Dieu s’y est déjà attardé.

 

Dans ce sanctuaire ordinaire, notre petit groupe par sa présence seulement, témoigne de l’histoire de Dieu dans le monde.

Puisque tout a commencé dans le jardin parfait créé par Dieu.  Même une fois chassés du jardin les êtres humains n’ont cessé de chercher à le recréer selon les plans cachés dans leur ADN, cherchant de tous leurs efforts à retrouver la connexion avec Dieu qu’ils avaient perdue.  Puis la lumière est venue dans le monde, comme nous le dit Jean.  Et toujours à travers les écrits du disciple que Jésus aime, nous avons appris que nous ne pouvons entrer dans le Royaume de Dieu à moins de naître d’eau et d’Esprit.  Tous ceux qui acceptent cette nouvelle naissance deviennent ainsi d’illustres combattants, portant les armes de Dieu jusqu’au retour de Christ.

 

Et puis Messie est arrivé dans le restaurant.  C’est un ami de Lumière qui était dans le coin et qu’elle a invité à se joindre à nous.  Je l’ai vu arriver de loin et j’ai reconnu son doux visage, pour l’avoir déjà croisé dans la rue.  Assis devant l’épicerie, une tasse de café sur l’asphalte devant lui.

J’étais surprise de le voir arriver, je ne m’attendais pas à ce qu’il se joigne à nous.  C’était la première fois que je le rencontrais officiellement.  Et pourtant il venait compléter notre image déjà insolite si parfaitement.  Faisant le lien entre chacune d’entre nous.  Et il m’a rappelé de la présence de Dieu parmi nous, Jésus ayant dit que chaque fois que l’on offre un verre d’eau et que l’on habille l’un des plus petits ou visite un prisonnier c’est à lui qu’on l’a fait.

 

Et je vois Jésus en eux.  Dans le lieu où je m’y attendais le moins.  Car là où deux ou trois sont réunis en son nom, Dieu est là, toujours prêt à nous rappeler l’évangile.  Et parfois, ce n’est pas avec des mots compliqués, mais des visages.